Puisque se meurent déjà, avant l’aube,
Les premiers frimas, te viendrai couvrir
De murmures enjôleurs, pour encor t’attendrir,
De caresses feutrées et qu’entoile ta robe.
Par les petits chemins de juillet refleuri,
Nous goûterons aux fruits dont la saveur
Pénètre la musarde, quand l’étuveur
Libère la vapeur des cuves de brasserie.
Sous le pédonculé aux majestueuses branches,
Nos silhouettes se laisseront bercer de la brise
Ethérée, de petites soufflées, et que prisent
Les rais chauds de l’été sous sa voilure blanche.
Entrelacés, nos doigts voudront apprivoiser
De nos furtifs gestes, rétive volition…
Conquis de cet aplomb, ivres d’insoumission,
Poserons nos lèvres au revers de baisers
Que les amants dissolvent en la matutinale,
A l’heure où les nubiles s’écorchent de désirs ;
Parlerons le langage que ne peuvent transir
Les plaintives semonces échues de centennales.
Puisque naissent au soir les célestes étoiles,
Les brillantes comètes de la voie périastre,
Je te ferai trôner, ô toi, mon plus bel astre
Au cœur même de mon cœur ! je t’entoile,
Ma douce reine, d’un satin, au pilastre
De rêves griffés, et que l’insomnie voile
De sombres cauchemars filetés de désastres.
Apporte-moi ta joie, tes amiteux soupirs ;
Te ferai voir l’étrange en des orbes pochés !
Laisse-moi, doux phénix, lentement approcher
De ton regard mutin, au seuil de cet empire,
L’agréable percée me voulant empercher !
Armand Mando ESPARTERO© copyright 2021