RETINUIT
FRIGUS*
Froides retenues
Il pleut sur Mornes-Rives
; le soir s'est étoilé
D'astres subliminaux accrochés aux bruines
Déversées sur la lande, aux bises entoilées
De l'helm séducteur profané de ses ruines.
A verse, sur l'Ecosse, tombent de froides perles ;
Elles tiédissent en l'azur, le fin cordon de nue
Tressé entre les cumulus ; en l'aurore, y déferlent,
De lointaines vapeurs nageant vers l'inconnu.
J'aperçois d'éphémères volutes, quand l'orage
Décélère des brises, l'équivoque constance ;
On y voit s'esbaudir, au jour, torpillées de nuages,
De sépulcrales formes piégées de vents intenses.
L'hiver peine à surgir de sa coque figée, il danse
Avant de placer au faîte des saisons, balayant
D'automnales traces, les fossilifères ganses
De mortes liaisons, l'estampille du cycle seyant.
Sur la lande, joyeuse, ébouriffée, l'enfance allume
En nos yeux rebelles d'agréables musiques ;
Les écoliers font de la buissonnière, un bitume
Où s'écrasent les pas de baladins caustiques.
Fusent les rires pleins, les comptines d'antan,
Les saynètes, les jeux entre les verts buissons
Poudrés en ces instants, de flocons hésitants
Chus des premières ventées, au doux son
D'un fifre de fortune, d'un appeau mal taillé
Qu'empruntent les moites lèvres du rêveur
Musardant avec mélancolie, aux larmes écaillées
Dont les bonimenteurs, quand s'enfle la ferveur,
Espèrent désaccorder la jouissive poussée ;
Les jeunes dentellières arrimées à ces jeux,
Épient d'un œil hardi, et sans les repousser,
Les prétentieux galants, dont l'éternel enjeu
Agrémente des fièvres, le besoin, voire l'envie
De détrôner de l'altière musarde, la vacance:
Espiègle flânerie dont l'abandon sine die, dévie
Du raisonnable, certes, sans éloquence.
L'hiver, de ses chimères, peuple en l'inconfort
Des dégénérescences, le trouble exponentiel
De sujets disgraciés, d'êtres se croyant plus forts
Et qu'enrouent les austers éclatés hors ciel.
Confuses, les congères s'affaissent sans retenue
Sur la sente blanchie où, de sa houppelande,
La crique gélifiée attise du crantage si menu,
Les miasmes nimbant le havre des Shetland.
Benoîtement lové en mon plaid effrité, je bois
Des capricieux rayons, quelque joie passagère,
Heureux, des terres de Conan Doyle, en ses bois,
D'arpenter chaque jour, les allées princières.
Armand Mando ESPARTERO© copyright 2020