ENTRE LES
COLONNADES DU TEMPS
On m’a
demandé de me taire,
De laisser
pousser le silence,
De ne pas
juger du sectaire,
Ni de ses
propos délétères,
L’indispensable
arrogance…
Mais j’entends
encor le bruit des bottes ;
La nuit a,
sur ma fenêtre, dégorgé
Un reste de
sang calté de ribotes,
Epais comme
une caillebotte,
Où le
fantôme d’un étranger.
On m’a
demandé d’oublier la peur,
Les adages,
l’aphorisme d’Aubigné ;
De demeurer
stoïque, voire résigné ;
Ils
seraient_ sans doute_ prêts à le nier,
Ces foutriquets,
tous ces trompeurs.
Ma pensée
déchire du temps jadis
Ces choses
qui vous faisaient hurler ;
Jusques à
quand les laisserez-vous circuler,
Vous que l’histoire
fait reculer ;
Vous que
les remords alourdissent !?
Nègre,
jusqu’au bout de la vraie liberté,
Je chemine
confiant en l’avenir :
Celui dont
les chaînes ne peuvent retenir
La jouissance
de l’âme à entretenir,
Bercée de vents... à s’en réajuster.
La haine de
nos piètres gouvernants
A pris le
pas sur la vie… du moins
Le croient-ils
(…) se prétendant témoins
Des prouesses
du plus au moins
Dont l’heuristique
salue le permanent.
Au tumulte
d'eaux infranchies,
Se mêle
encor ma voix… je tance,
Sans jamais
quémander pitance,
Sans cosmétiquer
ma prestance
Le scélérat
me voulant encaver :
Esclave sur
vos maudites terres,
Ma peau s’est
imprégnée de lassitude,
Ma chair s’est
faite, privée de béatitudes,
Soumise au
jeu de la mansuétude…
Sera-ce un
jour héréditaire ?...
Je n’ai pas
eu honte de vos enclaves,
Puisque mon
âme est restée libre…
Mon cœur lui
aussi est du même calibre ;
Qu’ai-je à
faire du déséquilibre
De vos
pensées décomposées sous la lave ?
Vous m’avez
tué… pourtant je suis là,
Altier,
sans édulcorer du métissage
L’exsangue pâleur
clivée à ce capsage
Dont mon
derme garni de rapiéçage,
N’ose
accuser l’avancée du glas.
Celui qui
porte sa croix confesse au soir
La joie
méconnue de l’athée…
Malgré le
doute en mes bâtés,
Me suis
fait échevin sous la butée
D’un
chambard brossé d’un vieux houssoir.
Inutiles guerres,
vaines scissions,
Que n’auriez-vous
emprunté sans le rendre !
Vous serez
piétiné en miasmes de cendre,
Vous qui
faisiez pleurer à pierre fendre !
Moi ?...
Serai à demeure en la belle Sion.
Armand
Mando ESPARTERO© copyright 2022