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samedi 16 juillet 2022

SANS ECURER L’ASCESE (AUX MORTES BRUMES)

SANS ECURER L’ASCESE

(AUX MORTES BRUMES)

 

Au soir d’inhumaines ivresses,

Fantasques… de coupables liaisons,

Quand la mort vient taler la raison,

Les femmes piègent de détresses

 

L’amant dépité : ce triste greffier

Miaulant aux nuits bleues :

Vil grippeminaud au mont sableux

Que foule l’ocelot toujours mystifié.

 

Aux geôles d’hédonisme, avec lésinerie,

La matrone d’un miteux bordel :

Maritorne poudrée, volage asphodèle

Dévoie la rosière de l’aumônerie.

 

Le vice fait recette en ces flottantes ides ;

Agnostiques et clercs tissent de l’absolu

En cette récréance, l’euphorie goulue

Dont s’imprègne le mol achalé de rides.

 

De larmes retenues, au fatales plombées,

S’enorgueillit la vierge blessée,

La mutine nymphette, lasse, oppressée,

Comme déracinée de l’axe bilobée.

 

On voit poindre des rires, les entend

Percer la douleur liant la retenue ;

Les mots vrais en détissent du nu,

L’irrévérencieux ton, l’abattant

Couvant de l’alliance… au temps

Des froides grimes, la belle ingénue

Venue mordre au péché qui lui tend

La carogne, au spectre hésitant,

Le fruit gaulé et son pulpe charnu.

 

Armand Mando ESPARTERO© copyright 2022

lundi 11 juillet 2022

EN L’AZUR ESTIVAL

EN L’AZUR ESTIVAL

 

Il y a des vagues dont le crachin poudrait

Les revêches frisures… les vents en dénudaient

La lame sur corail quand s’y venaient vider

D’acidifiantes bruines détachées de l’adret.

 

Il y a encor des algues sous la houle,

Du fretin, du nostoc pollué, du plancton

Dérivant du rostre, au fin ponton

Où les conques fatalement blackboulent.

 

On voyait de l’azur, les mouettes rieuses,

Les sternes vagabondes, les frégates

Balayant de leurs ailes, au ciel agate,

Les nuages renflant au soir la nébuleuse.

 

Et puis, il y a nous : deux pèlerins

Surpris des tempêtes cuivrées…

Il y avait aussi accroché à l’ivraie,

Le hallier coupant redouté du marin ;

Sous le roseau, la douceur de tes reins,

La pâleur de ta peau me voulant sevrer.

 

Armand Mando ESPARTERO© copyright 2022

 

samedi 9 juillet 2022

MAGNANIME GENTRY




MAGNANIME GENTRY

 

Le monde est un miroir où s’allongent

Des êtres asexués, des profils mutants ;

Leur chair que les ans rongent

Pendouille en lambeaux, aux ires lévitant.

 

C’est en ce microcosme boudé du Ciel,

Que s’attardent les âmes engrossées

Du sophisme des clercs… l’essentiel

Est ailleurs…  En l’éclos d’androcées.

 

Ceux qui fardent du temps avec faste,

Le trompeur stoïcisme, amputent

De l’amour le galbe prometteur ; les castes

S’en infèrent aux prémisses que dupe

 

L’enthymème du raisonnement creux…

Peut s’en faut qu’advienne en ces flous

L’atticisme qui, de Quintilien, ce preux

Admoneste l’ego si le verbe l’encloue,

 

Loquacité d’Isocrate puisant en logographe

La sagesse pratique finement agencée

Du rhéteur mis à mal, sans parafe,

Sans sceau, ni pointes nuancées.

 

Le monde les a couverts d’un drapé mité :

Funeste toge empruntée au silène

Paradant au cénacle dont il a hérité,

Lié au triumvirat recognant cet hellène.

 

Avant de naître au soir, d’eau, de sang,

A sa table faisait invite aux gueux.

Mais ce monde invaincu du puissant,

S’étoffe de cancanes de prélats fougueux.

  

Armand Mando ESPARTERO© copyright 2022

jeudi 7 juillet 2022

DU SEPALE A LA TIGE

DU SEPALE A LA TIGE

 

Elle parlait d’amour, d’amitié, d’estime…

Savait de la souffrance atténuer l’éclat ;

Ses yeux perçaient du voile en l’état,

La chétive rayonne, son fluide sublime.

 

Elle disait des mots semblables au babil

De l’enfant pris au rets de la puérilité ;

Son cœur de fille-fleur, avec célérité,

Ecalait du mien l’allégorie habile.

 

Elle donnait au rire de doucereuses feintes,

A sa mutine moue, de folâtres effets…

Sa soif de liberté, en des songes surfaits,

Détissait de la peur les immuables plaintes.

 

J’aimais à sa balèvre aspirer, et sans gêne,

Le liquoreux reflux de ses balbutiements ;

Ivre de conviction, grisé d’abrègement,

Se faisait vestale d’itératives peines.

 

Elle avait survolé de chaque maladresse

Pavant de mon ego la fragile ramure,

Ces fièvres huées d’âpres murmures,

Et qu’élisent les vents confinés de détresse.

 

Elle me ferait l’amour si j’étais de la lie,

L’uval sédiment ennoblissant l’aplomb ;

Hélas ! l’agonie de mes soldats de plomb

A endeuillé la soif de mes riches délits.

 

Aurais-je été l’amant de ses nuits d’encre,

Le galant des quémandes siennes, l’ami

Qui de l’entrisme farde l’adynamie,

Laissant là s’enfoncer l’émerillon d’ancre ?

 

Du sépale à la tige, mes mains frôleraient

L’étrange matière de l’altier tubule,

La soyeuse bouture, la croche de barbule

Caressant de sa peau le satin effloré.

 

 Armand Mando ESPARTERO© copyright 2022

mardi 5 juillet 2022

NOBLESSE FIGEE

NOBLESSE FIGEE

 

 Du noble cœur, ma douce, ma mie,

Aux folles frasques vénitiennes,

N’ai vu le faste de cérémonies…

M'en dois-je faire ?...  j’épie des persiennes,

La Dame voulant faire siennes,

Les saphiques, ces tribades amies.

 

Dussions-nous être vilipendés des traîtres !

Faudra du cran pour atteindre le col

Des minaudières ; voir le reître

Au sautoir leur servant de licol ;

 

Ce camé au drapé dont vous,

Vous seule sublimez prestance,

Sans convoitises… s’y dévoue,

L’impudent ivre de manigances ;

 

Prétend vous connaître… n’en croyez rien !

Ce laudateur, de votre or s’entiche…

De ce beau cœur défait de liens,

Se peut lier sans doute l’âme riche

 

De l’amant que le sommeil fuit,

Sans ovins franchissant clôture

Entrouverte pour vous, enfouie

Sous les draps, si l’angoisse torture

 

Peu à peu le bel aventurier

Dénouant dentelles, pinçant du corset,

L’armure, puis… en turbellarié,

Se vêt de songes trop corsés.

 

Mon parangon, faites-moi ménestrel

De bohème ; j’y chanterai l’amour !

Très chère, j’ai l’instinct du pétrel,

Ce vautour aux plumage lourd...

 

Des vallons, aux lacs intarissables

Embrumés de frimas, j'efface les traces

Accrochées aux buttes amodiables,

Sur les ruclons au remugle tenace.

 

Mon cœur, pour vous plaire,

Usurpe des contraintes, l’impair.

 

Armand Mando ESPARTERO© copyright 2022

dimanche 3 juillet 2022

GALVANO

GALVANO

 

Quand de la coupe aux lèvres sancissent

Des mots menteurs, d’enjôleurs fards,

Se dessinent du langage blafard

Les premières rides qu’épaississent

 

La honte, l’échec du précieux devenir

Dont l’âme assouplit en sa résipiscence

Le nuisible tangage, la déliquescence

Du verbe bridé d’infâmes souvenirs.

 

Quand du rire aux larmes s’épuisent

Des clichés l’imparable truisme,

La mémoire, sans abstractionnisme,

Vide du passé, avant qu’elle s’épuise,

 

Le pesant gorgerin… il en faut du temps

Pour calmer des blessures d’hier,

La béante coulée, l’étrange rivière

Affluée du remords, du regret constants.

 

En effeuillant des nuits éthérées

La trop riche ramure, me suis pris

Hélas ! au jeu de l’arrogant mépris :

Rebuffade dupant encor l’immodérée

 

Armand Mando ESPARTERO© copyright 2022

samedi 2 juillet 2022

LONG RUBAN DE DEFAITES



LONG RUBAN DE DEFAITES

 

Le froid de tes hivers est un long parchemin ;

S’y perdent les colères d’enfants désenchantés,

Le cri d’amantes nues revenues enfanter

Des aurores meurtries au nord de ces chemins

 

Où les hommes s’égarent aux brumes dissolues,

Quand l’ivresse des mâles enchatonne au soir

Les rubis de ces lunes posées en accessoires

Sur la nue amoitie de solstices goulus.

 

L’angoisse de tes maux voudrait encor éteindre

De mes rêves charnus l’affriolant bedon ;

Tu évinces l’espoir dont tes frêles radons

Incommodent l’aura, et sans jamais l’atteindre.

 

Si je t’attends à l’aube des saisons fanées,

Au jour naissant de songes amputés

Et qu’isolent les vagues permutées,

C’est que l’aplomb piège nos profils tannés.

 

Armand Mando ESPARTERO© copyright 2022