QUI PEUT CROIRE CE QUE NOUS SOMMES…
Nous avons tous, un jour, assiégé la mémoire de l’autre,
infusé en ses veines moult contradictions comme pour se mieux repaître des
temps morts de l’enfance, de ces bizarreries infectant l’affect (…) et qui des
nuits d’orage, au matin sans attaches, reviennent hanter l’ombre que traîne l’idoine…
Percluse en la faconde ânonnée de guerre lasse, la conscience
se vide du trop-plein des jours que nous ne sûmes retenir à l’haussière du
réel devenir : ces instants où l’amour_ d’abord rétif aux actes
pernicieux_ fait montre de générosité, brocardant de la gent inconstante la mollesse lui étant
coutumière : ce paralogisme gangrenant le faux sage, l’indompté chevillé
aux supputations, autant que de la brève dont la pensée veut toujours faire
bombance (…)
Nous avons _ peut-être par maladresse_ récusé du bonheur la
fragile constance, nous jugeant indignes de posséder ce dont l’âme se doit (se veut ?)
réconforter,
Tels les riches peccavi sans surfaites moutures dentelées d’ironie,
souvent d’arguties, de palabres de cours, de faux réquisitoires de légalistes
poussifs sanglés d’ordalies pour le moins inciviles, pour peu que l’on en
dévoile l’inutile bâti (…)
TOUT CELA
PORTE DEUIL EN NOTRE RESURGENCE SANS QUE L’ON SACHE POURQUOI… POUR QUI.
En prétendant connaître, en déclarant savoir, l’homme s’est
fait censeur aux bornes d’un pouvoir octroyé de l’orgueil… des palabres floués,
aux froids conciliabules, porte estocade, en son besoin de plaire aux pragmatiques
acquis du docte, cet érudit lui voulant cadenasser le savoir... les pairs en confessèrent
jadis la teneur, en encensèrent l’aura dont nos cénacles éveillent la stylistique cabossée d’entregents…
En ma réserve d’inculte prêt à confondre les plus
nobles servants de la littérature, s’émoustillent des songes dont le seyant
désorganise la permissive plèbe au support de la vive harangue des festivaliers
(…)
J’encarte sans rétention les scribes
pleurnichards, ces anciens combattants de l’historiographie, ces tristes culs pendus
au pal du palimpseste de Caton, Ptolémée, Suétone et Josèphe ; ces
trompeurs nihilistes cosmétiqués de mensonges, et d’absurde…
En ex-libris à mes salutaires pages, je les rabroue,
et sans parcimonie, castrant de leur faconde, en de grasses pochades, l’éphémère
blutage, le factice tamisage…
Je n’aimerais pas vaincre pour gagner, mais
accéder au faîte des gémonies pour boire de l’existence la généreuse lie, sans
me laisser griser d’uvales contraintes, m’enivrer du cépage de la carricature,
si l’offense interpelle le pleurnichard, ce geignard apeuré de qui la vie se
défait, pour ne se point vider de la vraie quintessence (…) j’aimerais surmonter
mes angoisses, en taisant les blessures de mon passé hybride, en muselant de la
peau de mon double le grincheux douzil, sans jamais proférer à la naïve ouïe
pendeloques d’aveux…
Lorsque ma plume confesse d’horribles exigences,
que mon encre parfume les mots qu’il me convienne, que mes doutes entoilent d’un
drapé anamorphe proche de l’artefact le regard de l’absence, sa volonté pénètre
le silence du verbe accoré à ma foi.
J’écris avec humeur, et sans m’en assujettir, des
envies sans besoins, des désirs sans feintes, pour un jour publier aux chastes
pérégrins_ comme de la marche à suivre_ l’entrelacs de ces routes empruntées
par plaisir, aux sentes étrécies qui rejoignent la berme où se perdent aux
soirs de fragiles empreintes aux miennes semblables (…)
Je confonds_ il est vrai _ et l’espoir, et la
honte de vouloir posséder aux nuits de lunes pleines, le talent de ces plumes
qui de Cornelius Agrippa, à Chateaubriant, empaument l’écrivaillon disert, ce ‘’bout
d’encre sans âme’’, ce piètre rond-de-cuir à la botte d’un clerc…
Faîtes-m ’en, en vos charmes d’assidus orateurs,
complice du langage voilant la sémantique ! donnez à ce brûlot perforé de
scandales, un autre éveil… que j’aie du renouveau, le gazouille propret !
Laissez-moi vous narrer mes chutes lacrymales, le
désordre des fleuves tapissant ma joue blême, le tumulte de l’eau de ma triste
lucarne mérite qu’on s’y arrête, que l’on voie suppurer de mon derme figé de
longs pleurs contrefaits le chagrin et le spleen de l’enfance griffée de mille
barbelés, et qu’égratignent cynisme : hardiesse de stupides noceurs de prévarication…
Un jour,
lorsque je viendrai naître au détour de vos routes, en malléable poupon de l’utile
exégèse, me verrez semblables à vos désirs de ménestrels hués de valetaille…
direz en me voyant : _ Regardez cet hotu ! il se prend _ avec ses
phrases à rallonge _ pour Marc-Aurèle, lui qui n’est que scissions et schismes
au temps désaccordé des grands rassemblements ; lui qui n’est que profane
diction en l’appel de ces riches poètes amoureux de la vie… bien sûr, ils la
perdront… Qu’importe ! puisque céans, mon style s’empanache aux moindres
glorioles, que du sang du pantoum tamisé hors l’ego…
Et si
tout cela était vrai !...
Armand Mando ESPARTERO© copyright 2022