ETRANGE MAROUFLAGE
La maison
défraîchie devient une ruine ;
Sa voûte
dégarnie s’écaille, à vue d'œil ;
Oserait-on, aux
frissonnantes bruines,
Agencer les
grêlons entassés à son seuil ?
Ne reste en ce
mas privé de gouttières,
Traces de
l'enfance bercée de clapotis…
Mes rires
dilués perçaient de l'archière,
Le noyau … sous
le vieil appentis.
De l'entrée,
au minuscule linteau,
Le fronton bâillait
sous la poutrelle ;
J'y accrochais
mon imposant manteau,
Madeleine,
elle, sa mante, son ombrelle.
L'odeur des
confitures, l'arôme des sauces,
Traversaient
du couloir, les épaisses murettes ;
J'en humais, déjà, aux lueurs précoces
Les
substantifiques sucs : quintessence de luette.
Désormais, les
primes souvenirs, projettent
De l’absence,
sans retenues aucunes,
Leurs visions ganguées… Aux miasmes d'aigrette,
S’y accolent au soir, mes plates infortunes
Les pépites
grisées aux reflux trépassés…
Lors, sombrent, des
rais discourtois, l’orbe bleu
De cette adolescence : astres compressés,
Et jours pleins,
qu’évincent d’autres jeux.
Tout est gris…
sans nuances ; l'escalier s'enfuit
Des combles
oubliés en l'âpreté du temps…
Même l'eau de
l'orage s'exhale du puits ;
Tout est
blême, glapit... au dernier battant
Des fenêtres ;
Madeleine y guettait,
Du frêle
damoiseau, l'altière silhouette…
Où êtes-vous pirouettes
indomptées,
Mutines cabrioles
? Sous quel ciel, l'alouette
Nage-t-elle
sans joie ? De dispendieuses noces,
Aux mornes
ordalies, s'étirent l’innocence,
Les fièvres
floutées, les désirs précoces :
Inénarrables
contes aux clameurs intenses.
Madeleine a
vieilli devant la cheminée ;
Y tisonnent
les pleurs des serves démunies,
En l'amour
éventré de lames acuminées
D'amants
entenaillés de songes désunis.
J'essaie parfois,
aux pérégrinations,
De me faire
échevin d'impossibles édits ;
Longeant en
ménestrel, le pont de nations
Clivées aux
remembrances… sans dédit.
Avec force
conviction, je m’applique
A lier aux
accords de la félicité
De solubles
portées, des musiques
Ignorées de
donzelles, jadis plébiscitées
De céladons à
l'armure trop claire
Pour calmer la
soif, toute l'anadypsie…
Aimerais, la
nuit, pour vous plaire,
Sevrer leur
vie recluse... en autarcie...
En l'embrasure
chichement consumée
De râles
plaintifs, je ramone l'histoire,
Ecure sa
faconde, et, pour, au mois de mai,
Saluer du
printemps, le règne absolutoire.
Au sortir du
lit, je traîne élégamment,
Ma cambrure
troublée de parhélies…
Est-ce toi
Margot, pleurant secrètement,
Le reflet de ces
doutes dont l'oubli me délie ?
Armand Mando
ESPARTERO© copyright 2023