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jeudi 27 juillet 2023

AUX AILES BLEUES DE L’ETRANGE

AUX AILES BLEUES DE L’ETRANGE

 

Les fiancés du mois d’août offraient au temps,

Quand mûrissent les mirabelles, et qu’à l’étang,

Des murmures, se défroissaient les vents,

L’empreinte de leurs quinze ans qui, ravivant

La belle flamme, en attisait son fier ratant.

 

Naissaient en leurs yeux, de brèves lueurs

Semblables aux étincelles de douleurs

Clivées au désenchantement : ces déceptions

Liées aux souvenirs ivres de prétentions.

 

Sur l’herbe folle, repus de désirs altérés,

Se firent promesse, aux soupirs éthérés,

De s’aimer, sans craindre du jour nouveau

L’exsangue trouée, le minuscule cuveau.

 

Les fiancés de l’aube avaient gardé d’hier,

La fraîcheur du petit matin, sous l’houssière

De ces sylves où vaquent les amoureux :

Amants de l’aurore et céladons heureux.

 

Armand Mando ESPARTERO© copyright 2023

dimanche 9 juillet 2023

LAISSEZ PASSER L’OUBLI

LAISSEZ PASSER L’OUBLI

 

Des souvenirs éteints, enfouis sous la cendre ;

Des songes compulsés d’inconfortables nuits,

N'est plus que cendres entassées au réduit

D'un vieil habitacle d’où j’aimerais descendre :

 

Pompeux cauchemar jouxté de la narcolepsie ;

Bien étrange voyage d’un errant sans monture :

Pauvre itinérant, égaré, sans solde, ni toiture…

L’amour lui a confié les clés de l’antisepsie,

 

Pour le mieux protéger des fléaux à venir,

Pour le mieux prévenir de l’empreinte rougie

D’anonymes dérives… quand la mort les régit,

Que s’amplifient les râles de notre devenir.

 

Aux nocturnes voilées, la sépia jaunie pince

De l’inconfort des rides, la défectuosité ;

L’ivresse, en ce flou graduel, sans ingéniosité,

Décille de l’oubli l’étançon bien trop mince.

 

Nous voilà aux portes d’un passé décati !

Nos quinze ans font la nique au temps…

N’est_ et c’est peu de le dire_ en ce distant,

Nulle offre mutagène, en gavée d’abattis !

 

Notre enfance surnage en la cuvette pleine

Où les rires se cognent aux colères fardées,

Les grimaces d’adultes nous venant harder,

En troupeau assoiffé, altéré, hors des plaines.

 

Anamorphes poussées dilatées en l’aurore

De jours sans harmonie, quand l’efficace

Adorne le spleen de promesses loquaces,

Et que taisent encor, les larmes indolores ;

 

Vous engrossez de fièvres constantes, l’âme

Du racheté : ce nouvel apôtre de la foi ;

Vous ensemencez, aux germes de grands froids,

Nos plaintives jachères, tous nos guérets agames.

 

Les clichés d’autrefois, les portraits de jadis,

Aux troubles de l’espoir, souvent, s’accumulent,

S’amoncellent, à l’aube, en précieux abacules

Posés là, au vitrail d’inaccessibles indices.

 

Empaumé de disgrâces, le cœur, lui, écale

Des aveux, la retorse confesse… désengagé

De stupides rituels, il semble engranger

De nos besoins, chaque visée focale.

 

Lors, tel derviche en pirouette, ce nervi

Désarmé du reître qui l’asservit, notre profil,

Cette ombre dilatée, dénerve du faufil

La friable fronce du vulgum en survie…

 

La solitude entrône de la peur, en sa lie,

De profondes blessures, de béantes crevasses ;

Il suffirait d’un mot_ un seul_ pour que passe

Jeunesse… peu s’en faut, qu’au matin, je l’oublie !

 

Armand Mando ESPARTERO© copyright 2023

samedi 8 juillet 2023

ET SI L’IDEOLOGUE EVENTRAIT SA SUPERBE

ET SI L’IDEOLOGUE

EVENTRAIT SA SUPERBE

 

D’un présomptueux rêve, s’écoulent le mensonge,

La folie du faux-sage encagé de croyances

Semblables, le croit-il, à l’immodeste science

De rationalistes déchus, que la débâcle ronge.

 

De doctes connaissances, s’évapore, sans mal,

Le savoir de dépréciateurs, ces contempteurs

Figés au tertre de la rhétorique; ces menteurs

Dont le scribe auréole l’avanie extrémale.

 

Du désir de plaire, à l’envie de séduire, s’émousse

La pensée du piètre lovelace… s’imagine déjà,

Aux spires appréciables, muni de navaja,

Effilocher des vierges, l’imprécise frimousse.

 

Du besoin de tromper, aux décans manifestes,

Le sénescent bedole, le cacochyme barbon :

Valétudinaire ascète, sans abords furibonds,

S’amplifient, peu à peu, la goinfrerie dermeste.

 

De la flagornerie imbibée de louanges flétries,

A l’impudence d'un serf de cérémonial,

S’effrangent les plausibles visées ; la moniale,

Avisée, fière, s’en défait, aux Laudes de contrits.

 

Des généreuses lignes de François de Malherbe,

A l’élégance folle du sieur Chateaubriand,

S’ajustent, de concert, en un style fort brillant,

La beauté du langage dessertie de l'acerbe,

La noblesse du ton, son aura: idiome superbe

Acclamé de censeurs… souvent, de clairvoyants.


 Armand Mando ESPARTERO© copyright 2023

vendredi 7 juillet 2023

TROP TÔT POUR NAÎTRE

TROP TÔT POUR NAÎTRE


Laissez courir les mondes équidistants !

L’ectoplasme y enquille, toujours subtilement,

Les déçus du siècle, dont l’armement

Effraie le possédé, l’égaré, hors du temps !


Laissez entrer les gueux et les manants

Tendant sébile, au noir de l’abandon !

En être vertueux, de l'amour, faites don,

Avant que ne survienne au matin, l’aliénant ;


Extirpe de la vie, la dive quintessence !

L’affront des succubes n’a rien d’aléatoire ;

Mortes, sont passion et spleens illusoires ;

Ils traînent un venin en l’autosuffisance

 

D’orgueilleux repus de vaines dionysies :

Silènes, dont les entrailles débordent

De l’épigastre… faut-il qu’elles s’accordent

Aux systoliques flux du cœur en frénésie ?


Laissez s’envoler les fuyantes volutes

Auréolant la nue ! Ici, l’aube soulève

Des mornes plaines, l’agglutinante sève ;

S’y écoule du germe, miasmatique cuscute !


Apaisez les notules de l'opaque sommeil :

Oniriques déroutes échues de l’aurore !

Lors, croissent d’autres lunes, quand l’or

En éparpille les rais chauds du soleil.

 

A trop vouloir connaître, on émarge du lit

De fièvres invaincues ; elles en alimentent

Sans mal, les gages… s'ils nous tentent,

Séduisent, au for de l’âme ivre parhélies,


D'overdoses muées en maupiteux regrets…

Ne vous livrez aux rétentions ! Faites montre céans,

D’audace, vous, odalisques au drapé trop seyant ;

Boudez de l'ilotisme, les abruptes degrés !

 

Une nuit, peut-être(?) vous viendrai chercher,

Quitte à essarter de la bouillante plèvre,

Les bises éthérées, calmant de la balèvre,

Les moites ridules finement écorchées.


Gardez de ces soupirs, l'ondoiement plaintif !

L’étrange a pour escorte de civiles livrées ;

Souvent, elles empanachent du bâti cuivré,

Le métissage dopant l’énamouré craintif.


Armand Mando ESPARTERO© copyright 2023

jeudi 6 juillet 2023

ANFRACTUEUX LACETS

ANFRACTUEUX LACETS

 

Le long du canal où traînent des vapeurs,

Filles et mariniers se laissent emporter

D’opaques cirrus… s'y laissent déporter,

Les derniers amants égratignés de pleurs.

 

Au soir tombé, s'épaississent du fleuve,

De revêches frisures, comme désemparées ;

Il pleut sur le tendron, la vierge effarée,

Au cordage d’envies, que promeuvent

 

Galants et nobles gens ceints de ganse,

Vertueux sigisbées de riches lendemains :

Mirliflores, dont on retient la main ;

Exaltés de captieuses fragrances,

 

Melliflus nards, propres à déconcentrer

En des rêves fragiles, la rosière captive

De plaisirs refoulés, souvent, d'affectives

Musardes, jouent les saphiques prostrées.

 

Du bosquet poudré de frimas automnaux,

S'accouplent d’hétéroclites profils

Et, qu'érodent les brumes indociles,

Engrossées d'astres subliminaux.

 

M'y attarderais-je, si d'autres symphonies,

D’abstraites sonates, en modelaient l’exil ?

J’aspire du silence, des côtes de mon île,

Les subtiles mesures défaites d’agonie.


 Armand Mando ESPARTERO© copyright 2023

lundi 3 juillet 2023

BADAUDERIE D’EMPRUNT

BADAUDERIE D’EMPRUNT

 

Tu fuis, désabusé, les côteaux de Frioul,

Les butes de l’Ombrie ; las, sans t’arrêter,

Jonché, de la plaine herbue, en l’été,

Les escarpes, d’où les brises roucoulent.

 

Tu marches sur les terres brûlées du Sertao,

Haletant, épuisé, au matin venant naître,

Se fane ton profil qui, hier, aux fenêtres,

Etoilait ta prestance libérée du chaos.

 

Aux sentes de Dogon, sublimées du poète,

S'attelaient à ta marche, d’agréables trottines ;

Le sable chaud des dunes aux primes matines,

Hâlait de ton teint blême, les notes indiscrètes.

 

Aux lacets de Zermatt, aux brumeuses soufflées,

L’helvétique colline offrait à tes yeux noirs;

De fines gouttelettes, en apex d'entonnoir :

Infimes bigarrures de poches renflées.

 

Aux nuits d’encre, quand hulotte la chouette,

De spectrales éclipses rongent des bordures,

Les molles entailles ; les bruines les suturent,

Au calme d'autres rais auréolant l’aigrette !

 

De Calvi, l’approche de Calenzana, à Conca,

Jusqu’au Porto Vecchio, affermit le marcheur ;

Sa randonnée adorne, en la douce fraîcheur,

L’étrange houppelande, semblable à l’abaca.

 

Tu aimerais te perdre à Aguas Calientes,

Voir le Machu Picchu ; puis, d’Ollantaytambo,

Ouïr battre le cœur de Cuzco déparé de lambeaux,

Comme ragaillardi aux frimes oscillantes…

 

Si je porte, dès l’éveil, et sans les dévoiler,

Baume à tes cicatrices, c’est pour taire, parfois,

Aux mille souvenirs, aux gerces de grands froids,

La rudesse de l’exil : ce sombre mausolée.

 

Alors… comme toi,


Je pérégrine, sous de clairs horizons :

Anamorphes segments de malléables terres

Désenclavées de mortifères chues, de délétères

Oukases de retors édiles empaumés d’oraisons.


Armand Mando ESPARTERO© copyright 2023

DIAPHANES COULEES

DIAPHANES COULEES

 

Les eaux calmes de Baïkal promènent au matin,

La douce nonchalance des réserves liquides ;

Translucide cuvette que les risées dérident,

Riche aquamanile aux reflets diamantins

 

Y frémissent, parfois, d’ondulantes pincées :

Fragiles gouttelettes aux vents, éparpillées ;

L’hiver pose en son lit, et pour l’en habiller,

De ductiles caresses dérobées aux saucées.

 

Le Nyassa Malawi aux éclats azurés, prolonge

De la plaine, en l’écho des ventées, l’empreinte

De fonds clairs, dont les cichlides teintent

L’évaporeuse niche enserrant les éponges.  

 

La vallée du grand Rift enlace ses bordures,

Tressant sur sa barlongue, d’alcalines chutes,

Au tourbillon de l’onde qui s’y percute,

Sans craindre du gramen, l’intense évidure.

 

Majestueux lac du Tanganyika : frontière

Entre la Tanzanie, la Zambie, ces contrées

Jouxtant le Burundi, côtoyant, et de près,

Le Congo voisin, son ami… oui, son frère !

 

Quand ton cristal dessoude, aux tornades vaquées,

La peau de l'hydrique nappe, l’étrange revient

S’accoupler, avec grâce, au souffle abymien

De ces terres lointaines dérivées, hors des quais.

 

O Huron : lac Supérieur du nord de l’Amérique,

Toi, que les Iroquois massacrèrent sans peine ;

Toi que les infidèles bannirent des plaines,

Regarde s’approcher ces suppôts amnésiques,

 

Ces chercheurs repentis au leurre de l’histoire !

Ne se peuvent dompter de minables poudrées ;

Eux qu’emmurent les sables d’impossibles adrets,

Que la beauté encerne de rites attentatoires.

 

Ce lac, mon lac : immense Victoria, riche vasque

Pointée d’astres nouveaux… immensité solvable

D’un cosmos effeuillé, en ses rives palpables ;

Comme il me plaît, sans comptines tarasques,

 

De chanter ton ivresse… du Kenya cuprifère,

 Aux serres d’Ouganda, la rebelle nilotique ;

Victoria, envoûtante, ô combien ! mon distique

Entoile de tes plaintes, les reflux aquifères.

 

Vous, onduleuses avenues, messagères lacustres,

Vous bohêmes escales de mes rêves tronqués,

Faites-moi accéder _ j’aimerais embarquer 

Au nid de vos fuites !...  Céans, poser au balustre,

Ma dégaine rompue… et, au ton de l’illustre,

Humecter l’aquarelle de ces toiles croquées.

 

Armand Mando ESPARTERO© copyright 2023

dimanche 2 juillet 2023

ETRANGE MAROUFLAGE

ETRANGE MAROUFLAGE

 

La maison défraîchie devient une ruine ;

Sa voûte dégarnie s’écaille, à vue d'œil ;

Oserait-on, aux frissonnantes bruines,

Agencer les grêlons entassés à son seuil ?

 

Ne reste en ce mas privé de gouttières,

Traces de l'enfance bercée de clapotis…

Mes rires dilués perçaient de l'archière,

Le noyau … sous le vieil appentis.

 

De l'entrée, au minuscule linteau,

Le fronton bâillait sous la poutrelle ;

J'y accrochais mon imposant manteau,

Madeleine, elle, sa mante, son ombrelle.

 

L'odeur des confitures, l'arôme des sauces,

Traversaient du couloir, les épaisses murettes ;

J'en humais, déjà, aux lueurs précoces

Les substantifiques sucs : quintessence de luette.

 

Désormais, les primes souvenirs, projettent

De l’absence, sans retenues aucunes,

Leurs visions ganguées… Aux miasmes d'aigrette,

S’y accolent au soir, mes plates infortunes

 

Les pépites grisées aux reflux trépassés…

Lors, sombrent, des rais discourtois, l’orbe bleu

De cette adolescence : astres compressés,

Et jours pleins, qu’évincent d’autres jeux.

 

Tout est gris… sans nuances ; l'escalier s'enfuit

Des combles oubliés en l'âpreté du temps…

Même l'eau de l'orage s'exhale du puits ;

Tout est blême, glapit... au dernier battant

 

Des fenêtres ; Madeleine y guettait,

Du frêle damoiseau, l'altière silhouette…

Où êtes-vous pirouettes indomptées,

Mutines cabrioles ? Sous quel ciel, l'alouette

 

Nage-t-elle sans joie ? De dispendieuses noces,

Aux mornes ordalies, s'étirent l’innocence,

Les fièvres floutées, les désirs précoces :

Inénarrables contes aux clameurs intenses.

 

Madeleine a vieilli devant la cheminée ;

Y tisonnent les pleurs des serves démunies,

En l'amour éventré de lames acuminées

D'amants entenaillés de songes désunis.

 

J'essaie parfois, aux pérégrinations,

De me faire échevin d'impossibles édits ;

Longeant en ménestrel, le pont de nations

Clivées aux remembrances… sans dédit.

 

Avec force conviction, je m’applique

A lier aux accords de la félicité

De solubles portées, des musiques

Ignorées de donzelles, jadis plébiscitées

 

De céladons à l'armure trop claire

Pour calmer la soif, toute l'anadypsie…

Aimerais, la nuit, pour vous plaire,

Sevrer leur vie recluse...  en autarcie...

 

En l'embrasure chichement consumée

De râles plaintifs, je ramone l'histoire,

Ecure sa faconde, et, pour, au mois de mai,

Saluer du printemps, le règne absolutoire.

 

Au sortir du lit, je traîne élégamment,

Ma cambrure troublée de parhélies…

Est-ce toi Margot, pleurant secrètement,

Le reflet de ces doutes dont l'oubli me délie ?


Armand Mando ESPARTERO© copyright 2023