SAVONAROLE
1452 /1498
Girolamo Hieronimus Savonarola mieux connu
Sous l’éponyme de Jérôme Savonarole, naquit
Le 21 septembre 1452 sur le fief conquis
De Ferrare, en Italie du nord… plus tard, l’ingénu,
En frère dominicain, dénonça le désordre
Du catholicisme, sa dépravation ; ne put _
hélas ! _
En combattre les dogmes qui le matelassent,
Les prêches surannés… à nous en faire mordre.
Sa franchise n’eut d’égal, et sans fuites,
Que cette véhémence dont il usa souvent ;
Sa colère _ ses actions le prouvant_
Rassurait ses disciples ; sa conduite
Confisquait, en ces surnuméraires,
Le vice du clergé aux longs crocs de mutant
Qui déchire la chair… en argumentant,
En d’infâmes préceptes démunis d’arbitraire.
7 février 1497, ‘’son bûcher des vanités’’ dévoile
La folie de cette prélature infectée, sanieuse…
Le mensonge du clerc, sa fougue vaniteuse,
Accolent les naïfs en quête de bonne étoile.
Courageux, pugnace, brisa l’aura des Médicis,
Dressant au fief de la théocratie, Florence :
Berceau de l’histoire… du moins, en apparence ;
Aristote, puis, Platon devinrent, en ces auspices,
Les pensées à suivre… la faiblesse manœuvre
Désormais en l’étroite coulisse, où vaque
L’antagoniste enferré à la voie du cornac
Conspué de la plèbe, cette grasse pieuvre.
De Ruina Mundi, poème de sa sage jeunesse,
Emane de profondes assertions ; anticlérical,
Comme après lui, Voltaire ; son verbe écale
Des désillusions, récusable détresse.
Le ton
est donné :
Sera franciscain, non pour dire, mais…
Pour démontrer des Saintes-Ecritures,
Avec foi, et adresse, La Vraie Littérature…
La Chose accomplie, se fera désormais :
Vitupérateur, à l’endroit de ces religieux
Dont la soutane confisque, en drapé de kaiser,
L’Unique Vérité : Celle que Le Dieu sincère
Révèle à Ses Fidèles, en des mots élogieux.
L’ascèse et la prédication démunirent sa foi ;
Il ne sut concilier : actions et gnosticisme
Gangrenés de rituels proches du syncrétisme ;
En croyant soupçonneux, il franchit le beffroi
Des prévaricateurs… sa folle mécanique
N’eût, de la dynamique, approche, aucune…
Purgé de sa vertu, mais, enflé de rancunes,
Dériva loin des terres enfiellées de panique.
Reconnaissons,
tout de même :
Le cran qu’il dût avoir pour crisper, et sans mal,
Les marchands d’indulgence : le pape Alexandre
Et ses démons, attirés par les billes de cendre,
Ces incubes sans nimbe, ersatz du proximal.
Coulpes et cilices le poussent en ses tranchés ;
Pour s’éloigner des mortifères flagellations
Des moines, il se plie aux jeûnes ; la
tentation
L’encloue, en ses réserves… pour prêcher,
S’inflige d’inutiles tortures, de scarifications…
Le voilà se combattant lui-même…
Acculé, et sans souffle moral, l’anathème
Siffle au-dessus de sa tête… de La Crucifixion,
Ne lui reste que : pensées abstraites, image
Rehaussée d’un supin ecclésial… s’engouffre
Aux méandres de ce qu’il combat ; il souffre
De se voir aluné, sans subsides, sans gages.
Quand il présente le pape Alexandre VI,
Comme l’antéchrist, la justesse du ton
Est fort appréciable… mais cède, le fronton
De chaque vérité… quand il s’y hisse,
S’écroulent les colonnes de sa ténacité…
Satan est un rusé, Savonarole le sait…
Le mal en son faufil, est un fade succès :
Un artefact de plus, un vieil exploit mité.
Pour combattre le Diable, il faut du Seigneur,
L’Epée à deux tranchants… le reste est accessoire ;
Aucun homme ne peut, aux berces illusoires,
Amputer du péché la constance… ce leurre !
La foi en son Sauveur n’accuse, loin s’en faut,
Quelque sage soit-on_ l’effet produit
Sur l’acte accompli _ fut-ce un sauf conduit
Par le miracle… quoiqu’il vienne d’en-Haut ;
Un Chrétien (un vrai) n’est que le réceptacle
Des Bénédictions du Rédempteur Vivant ;
Ce que nous faisons, a l’empreinte des vents
Emportés de la nue… son unique habitacle.
Savonarole a cosmétiqué son ardeur…
La sagesse des hommes, est folie pour Dieu ;
L’émotion est un flux éthéré… même pieux,
L’humain reste poussière, fragile quémandeur
Dont Le Ciel fait Grâce… pour ne se point lier,
L’Amour du Tout-Puissant accorde satisfécits…
Désœuvré, piégé, que voulez-vous qu’il fit,
Lui, ce vaillant Héraut : herméneute geôlier !?
Mai 1497,
le 23_ se fait excommunier du pape…
Florence est à feu, et à sang ; les tavernes
Laissent couler le vin, les bordels ternes
Entrouvrent leurs cagnas… le vice encape
A nouveau le peuple, jadis écrasé d’entregents ;
Il fait _ aux sombres chutes vaticanes _
Chaud et froid… c’est selon ! sous l’arcane
Des cristallomanciens, au soir, les gens
Affluent de partout… le Diable joue encor
Sur les deux tableaux : séculier et paganisme…
Le monde dressé sur ruines, boit l’athéisme,
En fébriles lampées… bagués à ce décor,
Les minables suppôts, avachis, lymphatiques,
Enguirlandent du songe, l’impalpable coulée…
Ivres de ce faux cépage, sen viennent blackbouler
Au naos d’un cloître… jadis, trop hermétique.
1498, l’inquisition l’accuse de fausse prophétie,
Savonarole tient bon ; sa foi n’est pas un
leurre
Agité à la barbe des porteurs du malheur :
Ignobles cardinaux férus d’acrobatie…
En pisse-froid, le pape, ce plénipotentiaire,
Diligente ce tribunal ; y siège Bélial, son
maître,
Ce jongleur anonyme… oui, ce traître
Dont Judas accepta, en vil réceptionnaire,
Les sequins du malheur… ave retro satanas !!!
Savonarole, sans contrainte, accepte
De plonger sans ciller, au fond de cette nasse ;
Épandu, se réjoui de garder ses Préceptes.
Après cinquante jours de prison ; torturé,
battu ;
Au son de l’Infelix ego _ corps blessé, bras brisés,
Il savoure la mort ; gardant sa tunique,
grisé
Du nectar du Salut, il ‘’ leur’’ crie, abattu :
_
« Je ne vous le donnerai pas, mais vous
pouvez le prendre. »
Armand Mando ESPARTERO© copyright 2023