TURRIS EBURNEA*
Tour d'ivoire
Sanctuaire de pédérastes
Votre tour d'ivoire, messieurs les prélats,
En un jour fini, sera dévastée ; il y aura des hommes,
Des femmes, des âmes; il y aura sûrement, là,
Des vieux en haillons asservis à Rome,
Des enfants blessés… regardez, et voyez comme
Vos mensonges sont mis à plat… oui, à plat !
Votre tour d'ivoire, votre pal de gloire, bientôt,
Sombrera; dogmes et schismes, en cette défaite,
Seront émiettés ; il vous en coûtera ! Pris en l'étau,
Vos adeptes séduits, en des jours de fête,
Salueront sous la nef où traînent serves,
Et nonces bornés, les doctes, les savants ;
Il vous est possible, acolytes, en cette réserve,
De vous esbaudir… fera beau, au soleil levant,
C'est à n'y pas croire, comme au ciel d'avril…
Lors, la honte se fera réceptacle, éphémère abri
Piégeant du profane, le chyle, la bile fébrile,
Et du contempteur, miasmes et débris…
Votre tour d'ivoire: cathédrale, basilique,
De cardinaux fautifs, encagera des lunes
Haut perchées, du bâti, de l'épaisse relique,
Majestueux retable ex-voto de fortune
Du Vatican serti de lourds blasphèmes,
Prêches alambiqués, encycliques trompeurs…
La curie romaine lasse de ces anathèmes,
S'y viendra noyer d'eau bénite_ peur
Au ventre, yeux exorbités, cœur à vide ;
Les chaisières coincées de vos messes vêprées,
Feront génuflexion, le corps, l'esprit, livides,
Mutilées par le glaive enfoncé de trop près.
Votre tour d'ivoire sur laquelle pissent, la nuit,
De vieux vautours en quête d'apocryphes,
Ne sera plus que ruines, gravats, en ce puits
Maculé de braille, de sombres hiéroglyphes.
De vos eaux croupies, pointeront des formes
Semblables aux démons de votre catéchisme,
Aux incubes fourchus et qui ne jamais dorment,
Occupés à hanter du désir, le sybaritisme.
Votre tour fardée de prétentions,
S'en viendra, au centre de la sorgue,
Buter sur l'épaisse courtine de bastions
Du parvis de cette noire morgue.
Cette morgue, cet hypogée, est la silhouette
Arc-boutée de l'orgueil, du pape de l'enfer:
Outrecuidant vautour_ céans, replète
Fatuité de votre gloriole… rien ne l'en peut défaire !