Du haut
de la falaise
Du haut de la falaise, où s’engouffrent les vents,
Les bruines ont perlé sur le petit matin…
La rocaille a peu à peu, ridé du relief gailletin,
L’épaisse ajouture, le dôme, s’en désenclavant.
Du haut
de la falaise
Du haut de la falaise, où s’engouffrent les vents,
Les bruines ont perlé sur le petit matin…
La rocaille a peu à peu, ridé du relief gailletin,
L’épaisse ajouture, le dôme, s’en désenclavant.
Charme commun
Sous la belle charmille,
fleurissent des amours
Inhospitalières, peu
enclines au bonheur,
Défigurées d’amants qui, en
palissonneurs,
Asservissent sans mal, les
frêles thysanoures
Avouant, la nuit tombée,
leur infidélité…
Elles pleurent parfois,
quand l’offense supplice
La désarmée, puis, entre les
interstices,
Irradient le tendron ivre de
volupté.
Personne ne comprend, ne
peut donc s’émouvoir
De la vile débauche, du
foyer, au couvoir,
Dont la louve blessée se
fait ambassadrice ;
Se peut-il que l’audace en
confisque réserve ?
Se doit-elle céans, lénifier
la serve,
Poser quelque indulgence à
ce fol artifice ?
Si je
pouvais
Si je pouvais accoupler nos destins,
Enfiévrer de désirs, ta rétive personne,
La froide solitude dont la nuit bedonne
Ta passive langueur posée en muretin.
Si je pouvais encager tes silences, lier,
Sans craintes aucunes, tes inhibitions
De sage couventine grisée d’émotions,
En ce jardin où pousse l’angustifolié.
Si je pouvais duveter tes murmures,
De l’ouate des clairs matins égrenés
Au parcours de vierges rassérénées,
Prises au rets du sage qu’on emmure,
Avant que de l’emprisonner au songe
Peu à peu dévoilé, quand éclose, l’ivresse
Du hourvari, cerne l’alacrité, l’allégresse,
Fusent de plaisirs qui patinent, et rongent.
Si je pouvais éteindre tes nuits blanches,
Faire naître des soleils en l’éveil des eaux,
Parfumerais tes jours, en digne damoiseau,
Du nard opiacé étoilant mes dimanches.
Hélas ! du mal d’amour, comme de la romance,
S’étranglent les redites de vaines actions
Dont la phonie enserre la réduplication,
Ce cafardeux écho aux brumeuses muances.
Autre part
Une envie d’ailleurs…
Pérégrine ascension aux cols de l’insolence :
Ivresse des cimes de poèmes gouailleurs.
Naissent de mes vertiges,
D’accessibles prodiges,
D’élégiaques remembrances.
Mes poèmes sont vôtres…
Les spleens fardent les autres.
J'écris pour taire les miennes contradictions ;
J’écris par pulsion.
Armand Mando ESPARTERO© copyright 2021
Rêve étroit
Tu es le rêve que l’on fait à quinze ans,
L’espace où se délient les vents,
La vague bleue, et qui en se brisant,
Dépose sur la lame, le plancton survivant.
Tu es, en l’aube écarlate, rosée balbutiante,
Dont les ductiles perles agrémentent le jour ;
Ton cœur a fait invite à ma voix hésitante,
Et qui des volets clos, t’épie nue, sous l’ajour.
Tu as de l’ingénuité, gravi la contrescarpe,
Isolant de ma route, le friable talus,
Me faisant à ta table, sous le frêle épicarpe,
Frissonner de désirs, d’attentes dissolues.
Boudant tes épistoles, au mal qui me régit,
Ai refusé de croire que tu serais mienne,
Si l’empreinte de l’âme, que l’amour assagit,
Maculait en l’espoir, mes feintes simiennes.
Suis prisonnier volontaire, captif
De tes voltes d’odalisque plaintive ;
Sans me jamais soumettre aux griffes
De pimbêches blessées_ ô si peu réceptives
A mes froids geignements ; l’expectative
En berne, en pointe de folie, l’incisif
Perçant de la matrice, le nerf procréatif,
Pour du germe mort-né, délier l’abortive.
Tu restes cependant, en mes songes truqués,
La douceur coraline des eaux orphelines,
Et qu’aspirent les fonds, de la côte, au quai
Dressé sur la corniche d’où vaque la féline.
Il y a tant…
Il y a tant de mots dans nos têtes,
Tant d’idées ; elles galbent nos envies,
Donnant aux besoins, un petit air de fête,
A nos déconvenues... zeste de survie.
Il y a tant de morts au cœur des chagrins,
Cadavres empilés au tertre des nuits ;
Aux soirs d’hiver, nos songes pérégrins
Franchissent le sommet d'heures enfuies.
Il y a tant de femmes au balcon des regrets,
De reines bafouées au trône de l’absence ;
Leurs fièvres débordent d’abrupts degrés,
Puis, s’affaissent au seuil de l'adolescence.
Ourlant des déshérences, le subéreux bâti
Du remords qui laisse intestats,
Avions lacéré, cela, sans contredit _
La trame du destin nié de l'apostat !
Il y tant d’hommes en ma polymorphie,
D’enfants épuisés, aux venelles pavées,
Tant d’amants pliés au cœur l'atrophie
Que la peau du deuil veut encaver.
Naissent au matin, de rutilants éclairs
Perçant de la rosée, les diaphanes perles
Imbibées de striures trop claires ;
S'y posent encor, d'audacieux merles.
Il y a tant d’ivresses en nos souvenirs,
Huées gazées de fastidieux discours ;
Les jours, pour s’en mieux estourbir,
Les attellent aux marelles de cour.
Je reste sous le pont de l'amante déçue ;
En mes soupirs latents, l'ironique gazille
Offre par dérision, le satiné tissu
De son ventre arrondi en crousille.
Armand Mando ESPARTERO© copyright 2021
Vie
S’asseoir… et regarder passer la vie,
Celle que le péché enrubanne de fièvres,
Dont les mots vrais enfiellent la lèvre ;
Ce feu que la mort en un instant, ravit,
En soufflant sur les braises, ce lavis,
Dont les pigments s’assèchent ; L’Orfèvre,
Le Divin Créateur l’a posée là, en plèvre
Sur l’esprit adamique dignement asservi.
Un poète
m’a dit
Un poète m’a dit : laisse courir les chiens
De grandes avenues ; laisse-les déchirer
Des matinales brumes, les inusables liens
Dont la mitraille, quand l’acte est adiré,
Tacle le magistrat sans titre paulien !
Un poète m’a dit : ois pleurer matin,
Quand l’oisillon pépie, pénétré de chagrins !
L’aigrelette phonie troublant le contadin
Se mêle encor aux bruines chues en grains.
Quand tu verras, dit-il, les soleils éventrés,
Déparés des spires de l’été baladin,
Tu sauras reconnaître des nuits excentrées,
La noirceur manifeste voilant le citadin.
Un poète m’a dit : regarde la rosière de mai,
La blanche naïade d’un bal de débutantes,
Tendron arrimé à la frêle barlongue, jamais
Rassurée de l’invite acquiescée… hésitante !
Sache-te prémunir de leurs maladresses !
Elles filtrent du rêve, l’onirique substance,
Avant que de sombrer au for de la détresse,
Sancir en la gadoue décuplée de l’offense.
Ce poète, avant de s’en aller, m’a couché
Sur la peau d'un vieux parchemin ;
Je l’ai vu, ébaubi sous la toise, toucher
Du doigt, la beauté du silence, détacher
Des jours gris, en me prenant la main,
La nébulosité, peu à peu, en l’aube, écachée.
Sèment au malheur à venir
Ils naviguent sur des flots insoumis,
Trébuchent du confort sociétal ;
En guenilles, fuient la capitale,
Désœuvrés, crispés, sous endémie.
Gravissent des monts, le faîte trop humide,
Se lancent sur les eaux, nimbés d’espoirs ;
Mendient au matin, devant les dépotoirs,
Déconfis, enrubannés de rides…
Construisent sur des sables mouvants,
Échafaudent du songe, le cuivrage ;
De ces lies cuprifères, se délie l'aérage
De toquades aux degrés éprouvants.
Du temps, en d'ostensibles flous, ont
Des traverses, emprunté en l'aurore,
Les sentes serties de pourpre et d'or,
D’altérables traces, de fades fusions.
Leurs mots éteints se roidissent
En l’idiolecte, le fantaisiste slang,
Modelés en leur pâleur exsangue
Profanée du disert, de l'haruspice.
Repu du malheur, cette infélicité,
L'ectoplasme trouble l'ambulation,
Sans autre… deuil, profanation ;
Gisent l'âme, l'esprit, frappés de cécité.
Sous le raglan d'altiers podestats,
Les mailles du verveux en dérive,
Mourront à deux lieues de l'étrive,
Au soir où l’épée perce la muleta.
Armand Mando ESPARTERO© copyright 2021
Agitation
A l'heure où le bedeau gonfle de l'angélus,
Les prétentieuses cloches du fidèle orémus
Ânonné de vicaires aux larmes de basalte.
L'océan fait gicler de la vague plissée,
Le tumulte des flots arrimés aux tempêtes,
La violence des eaux enroulées en carpette,
Au soir où les marins s'y semblent immiscer.
Soufflées des fonds liés aux algues, la faune,
La flore, entrelacées aux riches madrépores,
Tapissent les fonds gris de luminescents pores
Projetant sur la lame leur pâleur ostéone.
Les lacs ont beau jouir du calme des vallées,
La lagune, apaiser les berges de septembre,
Il pleut à verse, aux volets des chambres,
Au matin où s'éveille le bourgeon écalé.
La nature captive du bouleversement, épie
Du coin de l'œil, quand tiédissent les vents,
Ces mausolées dont l'esprit survivant
Caresse des chimères, l'inutile pépie…
Je me veux poète, en ces métamorphoses,
Chantre, en ces mues d'automnales giclées ;
Mon regard voit naître des frimas bâclés,
L'ossature du spectre des psychoses.
Dans l'âtre aux miasmes d'escarbilles,
La flamme s'entortille inexorablement…
Mes yeux, de ses volutes, puisent l'élément
Dont l'extase atrophie du récit, l'apostille,
Ce bel astéronyme ; ici, l'érudition
Le vêt d'un panache glorifié sans mal,
Sans en dissoudre du verbe optimal,
L'écriture acculée à la recension.
Que ne serais-je en la concupiscence,
Félibre moqueur de contes de saisons !
Farderais de l'atoll, le lointain horizon
Posé à même l'océan en partance...
Armand Mando ESPARTERO© copyright 2021