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mercredi 31 mars 2021

SUMMO MONTIS* Du haut de la falaise

 

SUMMO MONTIS*

Du haut de la falaise

 

Du haut de la falaise, où s’engouffrent les vents,

Les bruines ont perlé sur le petit matin…

La rocaille a peu à peu, ridé du relief gailletin,

L’épaisse ajouture, le dôme, s’en désenclavant.

 

Armand Mando ESPARTERO© copyright 2021

mardi 30 mars 2021

CARPINUS BETULUS* Charme commun

 

CARPINUS BETULUS*

Charme commun

 

Sous la belle charmille, fleurissent des amours

Inhospitalières, peu enclines au bonheur,

Défigurées d’amants qui, en palissonneurs,

Asservissent sans mal, les frêles thysanoures

 

Avouant, la nuit tombée, leur infidélité…

Elles pleurent parfois, quand l’offense supplice

La désarmée, puis, entre les interstices,

Irradient le tendron ivre de volupté.

 

Personne ne comprend, ne peut donc s’émouvoir

De la vile débauche, du foyer, au couvoir,

Dont la louve blessée se fait ambassadrice ;

 

Se peut-il que l’audace en confisque réserve ?

Se doit-elle céans, lénifier la serve,

Poser quelque indulgence à ce fol artifice ?

 

Armand Mando ESPARTERO© copyright 2021

lundi 29 mars 2021

SI POSSEM* Si je pouvais

 

SI POSSEM*

Si je pouvais

 

Si je pouvais accoupler nos destins,

Enfiévrer de désirs, ta rétive personne,

La froide solitude dont la nuit bedonne

Ta passive langueur posée en muretin.

 

Si je pouvais encager tes silences, lier,

Sans craintes aucunes, tes inhibitions

De sage couventine grisée d’émotions,

En ce jardin où pousse l’angustifolié.

 


Si je pouvais duveter tes murmures,

De l’ouate des clairs matins égrenés

Au parcours de vierges rassérénées,

Prises au rets du sage qu’on emmure,

 

Avant que de l’emprisonner au songe

Peu à peu dévoilé, quand éclose, l’ivresse

Du hourvari, cerne l’alacrité, l’allégresse,

Fusent de plaisirs qui patinent, et rongent.

 

Si je pouvais éteindre tes nuits blanches,

Faire naître des soleils en l’éveil des eaux,

Parfumerais tes jours, en digne damoiseau,

Du nard opiacé étoilant mes dimanches.

 

Hélas ! du mal d’amour, comme de la romance,

S’étranglent les redites de vaines actions

Dont la phonie enserre la réduplication,

Ce cafardeux écho aux brumeuses muances.

 

Armand Mando ESPARTERO© copyright 2021

dimanche 28 mars 2021

ALIBI* Autre part

 

ALIBI*

Autre part

 

Une envie d’ailleurs…

Pérégrine ascension aux cols de l’insolence :

Ivresse des cimes de poèmes gouailleurs.

Naissent de mes vertiges,

D’accessibles prodiges,

     D’élégiaques remembrances.

 Mes poèmes sont vôtres…

Les spleens fardent les autres.

J'écris pour taire les miennes contradictions ;

J’écris par pulsion.

 

Armand Mando ESPARTERO© copyright 2021

samedi 27 mars 2021

SOMNIUM ANGUSTUS* Rêve étroit

 

SOMNIUM ANGUSTUS*

Rêve étroit

 

Tu es le rêve que l’on fait à quinze ans,

L’espace où se délient les vents,

La vague bleue, et qui en se brisant,

Dépose sur la lame, le plancton survivant.

 

Tu es, en l’aube écarlate, rosée balbutiante,

Dont les ductiles perles agrémentent le jour ;

Ton cœur a fait invite à ma voix hésitante,

Et qui des volets clos, t’épie nue, sous l’ajour.

 

Tu as de l’ingénuité, gravi la contrescarpe,

Isolant de ma route, le friable talus,

Me faisant à ta table, sous le frêle épicarpe,

Frissonner de désirs, d’attentes dissolues.

 

Boudant tes épistoles, au mal qui me régit,

Ai refusé de croire que tu serais mienne,

Si l’empreinte de l’âme, que l’amour assagit,

Maculait en l’espoir, mes feintes simiennes.

 

Suis prisonnier volontaire, captif

De tes voltes d’odalisque plaintive ;

Sans me jamais soumettre aux griffes

De pimbêches blessées_ ô si peu réceptives

A mes froids geignements ; l’expectative

En berne, en pointe de folie, l’incisif

Perçant de la matrice, le nerf procréatif,

Pour du germe mort-né, délier l’abortive.

 

Tu restes cependant, en mes songes truqués,

La douceur coraline des eaux orphelines,

Et qu’aspirent les fonds, de la côte, au quai

Dressé sur la corniche d’où vaque la féline.  

 

Armand Mando ESPARTERO© copyright 2021

NON TAM… * Il y a tant…

 

NON TAM… *

Il y a tant

 

                                            

Il y a tant de mots dans nos têtes,

 

Tant d’idées ; elles galbent nos envies,

 

Donnant aux besoins, un petit air de fête,

 

A nos déconvenues... zeste de survie.

 

Il y a tant de morts au cœur des chagrins,

 

Cadavres empilés au tertre des nuits ;

 

Aux soirs d’hiver, nos songes pérégrins

 

Franchissent le sommet d'heures enfuies.


Il y a tant de femmes au balcon des regrets,

 

De reines bafouées au trône de l’absence ;

 

Leurs fièvres débordent d’abrupts degrés,

 

Puis, s’affaissent au seuil de l'adolescence.

 

Ourlant des déshérences, le subéreux bâti

 

Du remords qui laisse intestats,

 

Avions lacéré, cela, sans contredit _

 

La trame du destin nié de l'apostat !


Il y tant d’hommes en ma polymorphie,

 

D’enfants épuisés, aux venelles pavées,

 

Tant d’amants pliés au cœur l'atrophie

 

Que la peau du deuil veut encaver.

 

Naissent au matin, de rutilants éclairs

 

Perçant de la rosée, les diaphanes perles

 

Imbibées de striures trop claires ;

 

S'y posent encor, d'audacieux merles.

 

Il y a tant d’ivresses en nos souvenirs,

 

Huées gazées de fastidieux discours ;

 

Les jours, pour s’en mieux estourbir,

 

Les attellent aux marelles de cour.

 

Je reste sous le pont de l'amante déçue ;

 

En mes soupirs latents, l'ironique gazille

 

Offre par dérision, le satiné tissu

 

De son ventre arrondi en crousille.

 

                                                                                 

Armand Mando ESPARTERO© copyright 2021

vendredi 26 mars 2021

VITA* Vie

 

VITA*

Vie

 

S’asseoir… et regarder passer la vie,

Celle que le péché enrubanne de fièvres,

Dont les mots vrais enfiellent la lèvre ;

Ce feu que la mort en un instant, ravit,

En soufflant sur les braises, ce lavis,

Dont les pigments s’assèchent ; L’Orfèvre,

Le Divin Créateur l’a posée là, en plèvre

Sur l’esprit adamique dignement asservi.  

 

Armand Mando ESPARTERO© copyright 2021

jeudi 25 mars 2021

POETA DIXIT MIHI : * Un poète m’a dit

 

POETA DIXIT MIHI : *

Un poète m’a dit

 

Un poète m’a dit : laisse courir les chiens

De grandes avenues ; laisse-les déchirer

Des matinales brumes, les inusables liens

Dont la mitraille, quand l’acte est adiré,

Tacle le magistrat sans titre paulien !

 

Un poète m’a dit : ois pleurer matin,

Quand l’oisillon pépie, pénétré de chagrins !

L’aigrelette phonie troublant le contadin

Se mêle encor aux bruines chues en grains.

 

Quand tu verras, dit-il, les soleils éventrés,

Déparés des spires de l’été baladin,

Tu sauras reconnaître des nuits excentrées,

La noirceur manifeste voilant le citadin.

 

Un poète m’a dit : regarde la rosière de mai,

La blanche naïade d’un bal de débutantes,

Tendron arrimé à la frêle barlongue, jamais

Rassurée de l’invite acquiescée… hésitante !

 

Sache-te prémunir de leurs maladresses !

Elles filtrent du rêve, l’onirique substance,

Avant que de sombrer au for de la détresse,

Sancir en la gadoue décuplée de l’offense.

 

Ce poète, avant de s’en aller, m’a couché

Sur la peau d'un vieux parchemin ;

Je l’ai vu, ébaubi sous la toise, toucher

Du doigt, la beauté du silence, détacher

Des jours gris, en me prenant la main, 

La nébulosité, peu à peu, en l’aube, écachée.

 

Armand Mando ESPARTERO© copyright 2021

SERUNT AD MALUM* Sèment au malheur à venir

        

SERUNT AD MALUM        

             Sèment au malheur à venir


Ils naviguent sur des flots insoumis,

Trébuchent du confort sociétal ;

En guenilles, fuient la capitale,

Désœuvrés, crispés, sous endémie.

 

Gravissent des monts, le faîte trop humide,

Se lancent sur les eaux, nimbés d’espoirs ;

Mendient au matin, devant les dépotoirs,

Déconfis, enrubannés de rides…

 

Construisent sur des sables mouvants,

Échafaudent du songe, le cuivrage ;

De ces lies cuprifères, se délie l'aérage

De toquades aux degrés éprouvants.

 

Du temps, en d'ostensibles flous, ont

Des traverses, emprunté en l'aurore,

Les sentes serties de pourpre et d'or,

D’altérables traces, de fades fusions.

 

Leurs mots éteints se roidissent

En l’idiolecte, le fantaisiste slang,

Modelés en leur pâleur exsangue

Profanée du disert, de l'haruspice.

 

Repu du malheur, cette infélicité,

L'ectoplasme trouble l'ambulation,

Sans autre… deuil, profanation ;

Gisent l'âme, l'esprit, frappés de cécité.

 

Sous le raglan d'altiers podestats,

Les mailles du verveux en dérive,

Mourront à deux lieues de l'étrive,

Au soir où l’épée perce la muleta.

 

 

Armand Mando ESPARTERO© copyright 2021

mercredi 24 mars 2021

AGITATIONE* Agitation

 

AGITATIONE*

Agitation

 

 La rivière en crue déborde sur l'asphalte,

A l'heure où le bedeau gonfle de l'angélus,

Les prétentieuses cloches du fidèle orémus

Ânonné de vicaires aux larmes de basalte.

 

L'océan fait gicler de la vague plissée,

Le tumulte des flots arrimés aux tempêtes,

La violence des eaux enroulées en carpette,

Au soir où les marins s'y semblent immiscer.


Soufflées des fonds liés aux algues, la faune,

La flore, entrelacées aux riches madrépores,

Tapissent les fonds gris de luminescents pores

Projetant sur la lame leur pâleur ostéone.

 

Les lacs ont beau jouir du calme des vallées,

La lagune, apaiser les berges de septembre,

Il pleut à verse, aux volets des chambres,

Au matin où s'éveille le bourgeon écalé.

 

La nature captive du bouleversement, épie

Du coin de l'œil, quand tiédissent les vents,

Ces mausolées dont l'esprit survivant

Caresse des chimères, l'inutile pépie…

 

Je me veux poète, en ces métamorphoses,

Chantre, en ces mues d'automnales giclées ;

Mon regard voit naître des frimas bâclés,

L'ossature du spectre des psychoses.


Dans l'âtre aux miasmes d'escarbilles,

La flamme s'entortille inexorablement…

Mes yeux, de ses volutes, puisent l'élément

Dont l'extase atrophie du récit, l'apostille,

 

Ce bel astéronyme ; ici, l'érudition

Le vêt d'un panache glorifié sans mal,

Sans en dissoudre du verbe optimal,

L'écriture acculée à la recension.

 

Que ne serais-je en la concupiscence,

Félibre moqueur de contes de saisons !

Farderais de l'atoll, le lointain horizon

Posé à même l'océan en partance...

 

Armand Mando ESPARTERO© copyright 2021