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lundi 30 mai 2022

OUVREZ-MOI


OUVREZ-MOI


Ouvrez-moi ce cœur froid

Où l'amour se délite sans mal !

N'est rien perlant des lacrymales,

Du long emposieu de l'effroi...


Ne me laissez souffrir au matin,

Au soir où s'en viennent hurler

De la meute captive, l'ahuri, l'affolé,

Et qu'isole la nuit le rusé diablotin !


Sera-ce de ces manigances,

Aux folles crues, la bravade

Dont s'honore le sage, l'accolade

Forant du lazzi l'arrogance ?


Ne tient qu'à vous, à vous seule,

De m’ôter l'oblongue banderille

Perçant en-deçà de ces grilles,

L'épaisseur de l'horrible linceul.


Armand Mando ESPARTERO© copyright 2022

jeudi 26 mai 2022

ASSOUVISSEMENT

ASSOUVISSEMENT


Irai dormir, repu du jour nouveau,

Quand s’enrouent les saisons, au soir

Où l'étoile vacille de l’aspersoir

De la nue retracée du biveau


Du Divin Créateur… irai me reposer,

Rassasié de printemps, d’aubades,

Courant sur l’avenue où gambade

L’axe du périastre s’y venant déposer.


Ferai sans détours, en l’aube manifeste,

Jaillir du néant, l'astre de l'Almageste ;

Il n’y aura plus de lunes en décan…


Les sages nieront du palimpseste,

Sans en rougir… les fabulations

Dont s’acquiert l’influx de cognition.


Armand Mando ESPARTERO© copyright 2022

mardi 24 mai 2022

HETEROGENIE


HETEROGENIE



Quand les mots alimentent le doute,

Les rêves tisonnent l’anxiété ;

La peur éveille, et sans démériter,

Le mésaise, pour changer de route,



L’homme devient un pouilleux

Sur des chemins sans gloire :

Triste va-nu-pieds, monstre villeux

Aux méandres de banales histoires.

 

Au jour naissant, paraissent

Des saisons aux difformes profils

Musardant au nord de forteresses

Dressées au centre des villes,



De ruines envahies de lierre,

Transformés en terrains de jeu ;

De leurs fondations, les pierres

S’écroulent des murets ombrageux.

 

Le temps bedonne la cuve océane,

Balaie des frissonnantes vagues,

La lame brisée sous la tartane

Et que les crachins baguent.

 

Les semonces agitent l’incivil,

La morale en rebute le félon

Dont l’aplomb fascine le plus vil,

Le flatte la nuit, le jour, c’est selon,



Lors, vitupère le klephte imbu,

Le trompeur aux dents longues 

Narrant de ses exploits, les débuts,

De nanti enfoui sous barlongue.

 

Ni victimes, ni bourreaux, quand

Tombe le couperet… sont les mêmes,

Insatiables prédateurs mués au décan  

De tristes lunes aux soirs blêmes



D’hivers délacés du col d'alpages,

De frimas auréolant les cimes

Au faîte d'ouateux nuages…

L’auster les poudre de pluies infimes.

 

Armand Mando ESPARTERO© copyright 2022

lundi 23 mai 2022

MUTINES ORÉADES


MUTINES ORÉADES



Faites courir les filles du jardin de Suzhou ;

Offrez-leur des dimanches fleuris !

Loin des lumières de Quanzhou,

Naissent des amours liant la seigneurie,

De gazilles au rire affecté, tendrons

Dont les caresses lissent l’envie,

Donzelles désarmées devenues laiderons ;

Se prennent pour des nymphes, ravies

De s’aliéner aux âmes désœuvrés : nixes,

Nubiles ondines sur eaux bleutées ;

S'y épanouissent les fées que fixent

Les preux chevaliers gantés

Flattant les damoiselles grisées

En l’enclos des jouvencelles ;

Aux nuits, semblent s’en amuser...

D'autres s’offrent sur balancelle.

 *

Dansez oréade aux marches du bretteur !

Verrez pourquoi de vos pas imprécis,

Naissent d'autres buccinateurs ;

Trompettent à l’ouïe du sigisbée concis.

 

Armand Mando ESPARTERO© copyright 2022

dimanche 22 mai 2022

MON ESPACE



MON ESPACE


Quand mon île dévoile un sein aguicheur,

Au regard de l’amant lassé de soupirs,

Amant-océan refoulé des empires,

Agressé à l’aube de vents accrocheurs,

J’avance ébaubi en noble marcheur,

Profanant de l’écueil, la mer qui s’étire…

 

Mon île lape des péléennes sources,

L’authentique cuvée; y chante la faune

Sous la volve ; ailleurs s’abandonne

La nymphe séduite du béjaune,

Ou du barbon, s’il achève la course.

 

C'est une reine aux hanches azurées,

Douce Créole à la peau tamarin;

Les alizés lui perforent les reins,

Attouchant la flore à l'orée des forêts.

 

En l’axe où s’effeuillent les plaines,

La moite paresse du petit matin,

Ses larges cuves que l’aube atteint,

Bercent les fonds de l’onde souveraine.

 


Elle tutoie les corsaires fantasques:

Mariniers de Barbade, ou d’ailleurs ;

Ses larmes pénètrent le gouailleur

Dont la folie dupe l’altière tarasque.


Mon île sur la vague rebelle,

Se fait bélandre, sans marchands,

A la peau boucanée, couchant

Sous hunier, ou suant sous glabelle.

 

Je sais ses secrets, ses colères salées…

Sa bouche à la moue peu sage

Défie de la lointaine France, l’otage

La retenant pour toujours l'isoler…

 

Messieurs les gouvernants… laissez-la vivre !

C’est une dame, rétive... parfois ;

N’a point l'aspect de Paris aux grands froids...

Chemine lentement… j'aimerais tant la suivre !

 

Armand Mando ESPARTERO© copyright 2022

samedi 21 mai 2022

INDIGNES EMPYREES


INDIGNES EMPYREES



Toi que les ans pénètrent, puis dissolvent

Aux callipyges lunes d'amantes désœuvrées ;

Toi pour qui le plaisir à l'aube survivrait,

Vois s'éteindre l'aura du rêve en l'alcôve



De trompeuses promesses, en l'abysse

Bagué de turbulences, de hourvari !

Il t'en faut prémunir quand l'aube s'avarie !

Le monde solennise la cadence du vice...



Lorsque tombent les nuits, choient les astres

Dégarnis, sevrés de leur superbe, l'homme

Avance voûté, telle la bête de somme

Lestée de  fardeaux, de désastre...



Connais-tu du bonheur la dive retenue ?...

Il est des jours de pluie en la force d'aimer,

Bruinant sur la fadeur de songes décimés,

Écurant la peau blême de naïades nues



Longeant du doux ressac l'ivresse bohème

Aux spumescents cristaux que la lame égorge ;

Tu peux en admirer si le désir te forge,

La fatale beauté... sans te faire anathème.



J'ois aux aurores, au silence des eaux,

Les frêles pépiements de l'oisillon vaincu

D'irrévérencieuses brises ayant vécu

Aux houleuses marées emperlées du roseau.



J'en savoure, et souvent à plus soif, l'intense

Décloîtrant la béguine blessée, la serve liée

Aux rites abbatiaux … elle semble supplier

La carnassière mue que le souhait condense.



Vois-tu, n'est rien de réel aux tertre du désir !

Le péché est un cri ouaté d'imprécation ;

Il formole le sage, anesthésie en la tentation,

Le pervers complu en sa rudesse... gésir



Aux empyrées lui semble raisonnable ! au licol

Du sybaritisme, se laisse prendre sans mal

Au rets de la débauche, en stupide animal,

Se cogne aux parois d'infranchissables cols.



Ne te laisse séduire, ivre de luxuriance !

N'est rien de plus stérile que le sang transfusé

Aux veines du désordre ! Éconduire ou user

De finaudes brettes, aiguise l'appétence



Du noceur en ribote... le vice est un alcool

Prisant de la docilité, l'imparable vertu...

Refoule de l'alacrité la berme trop pentue,

Fais montre de réserve, et déploie en torcol



Tes plus belles rémiges ! Au-delà de l’Éther,

Tourbillonnent les vents de la romance ;



En actif échevin, admoneste sans ganse

L'ego bridant l'affect d'un socle acrotère !



Armand Mando ESPARTERO© copyright 2022

vendredi 20 mai 2022

NAUSEEUX TOTEISME


NAUSEEUX TOTEISME


Entendez les râles somnambules

Maquillés de spectres égarés

Au porche des chapelles ! déambulent,

Meurtris, l’œil torve... effarés.



Mains pleines de sang, confessent

Sans être absous, de véniels délits,

D'excusables entorses ; s'y affaisse

L'espoir d'endoctriner jusqu'à la lie,



L'inexpérimenté : gobe-mouche bercé

De fades litanies... ces gourous séduisent,

Cosmétiquent sans mal, l'adepte de Circé,

La nubile d'Hélios... peu à peu, enduisent



Du philtre de Perséis, le catéchumène

Évoquant du Ciel la Divine Clémence,

Le bizuth conjurant l'âme amène

Au col de l’Hadès, plombée de démences.



Iconoclastes sectes, sacrilèges cabales,

Vous dont l'esprit attise le mensonge,

Voyez mourir, quand le péché l'emballe,

Le zélateur, et que le remords ronge !



Pointera du doigt, au Jugement Dernier,

Le confesseur indigne, ce chapelain

Encellulé de fièvres, en quête de denier,

Cet arrogant mentor... ventre plein.









J'avancerai vainqueur, libre ô combien,

Au pied du Seigneur, mon Agneau Béni,

Sans jamais accorer d'inutiles liens

Ma barque ! Du Salut, ne point ferai déni.



Armand Mando ESPARTERO© copyright 2022








jeudi 19 mai 2022

REQUIEM AETERNAM


REQUIEM AETERNAM


Je vois se roidir au mois de mai nouveau

Les pivoines humectées de rosée...

Je ne ne peux sur ta tombe poser

Un bouquet parfumé, et farder du caveau

L'exsangue lividité vénérée du dévot,

Et qui de la froideur aspire à nausée

Les miasmes chaulés en-deçà du biveau.


Armand Mando ESPARTERO© copyright 2022

mardi 17 mai 2022

SERA-CE BIENTÔT


SERA-CE BIENTÔT

 

Où pousseront demain les fleurs parfumées,

Les roses dont Ronsard agrémente l'aura?

Qui nous fera connaître en ce mois mai,

Les nouvelles semences; qui saura

Piétiner de l'allée les bordures  crantées,

Marteler du béton l'imparfaite coulure;

Les branches que les vents ont entées

Réajustent du pampre, l'élégante voilure ?

*

Quand l'hiver poudrera les fleuves désarmés,

Gèlera des matins la candide rosée, l'aurore

Fera fondre les rayons désarmés,

Et pour s'évanouir au cœur de l'altiport

Alors...

Mes yeux se poseront sur l'astre démuni,

L'orbe du périastre, le caillou orbital...

Au-delà de l'Ether, peu à peu désunies,

Les nouvelles planètes me feront captal.


Armand Mando ESPARTERO© copyright 2022

dimanche 15 mai 2022

SÉDUCTEURS EMERITES

SÉDUCTEURS EMERITES


Autrefois les amants allumaient des désirs

Au cœur des rosières, de naïves soubrettes :

Mazettes coincées muées là en nymphettes

Au pied du nanti assoiffé de plaisirs…


Autrefois les fiers céladons flattaient

Des donzelles, le galbe prometteur ;

Roulant carrosse en séducteurs,

Dévirginaient le tendron, le hantaient.


Autrefois les galants de libertines cours,

Les damoiseaux poudrés de l’ombre

Faisaient aux suivantes la cour,

Promettant des richesses sans nombre.


Autrefois les poètes hissaient au pinacle

Les jeunes péronnelles, les couchant

Sur la page où dorment tant d’oracles,

Tant d’augures nous effarouchant.


*

Céans, les piètres lovelaces sombrent

En estaminet, grisés de roublardises,

Enivrés de cautèles plus sombres,

De froides manigances, de ringardises.


Armand Mando ESPARTERO© copyright 2022

samedi 14 mai 2022

HETEROCLITES SOUHAITS



HETEROCLITES SOUHAITS


Mon enfance a couru avant de s’envoler

Loin des terres herbues où dorment

Les soleils empourprés de vermeil


Ma jeunesse a dormi avant d’être volée

D’aggiornamento, d’inutiles réformes

Peuplant peu à peu le fragile sommeil.


Je l’entends murmurer au creuset de l’oubli,

De mielleuses complaintes, et qu’attisent

Les vents dont les frasques publient

De piètres vésanies proches de la hantise.


Mon enfance a griffé de ses rêves lointains

L’onirique substance, avant de s’écailler

Au miroir de ces ans dont le tain

Agrémente l'arceau de généreux matins.


A son dernier repos, triste, je l’ai posée 

Au marbre glacé de fantasmes éteints ;

A ses pieds, me suis seul reposé,

Pour voir du temps les désirs incertains.


Armand Mando ESPARTERO© copyright 2022