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mardi 18 février 2020

O MIHI !


O MIHI !
O dîtes-moi !

Dîtes-moi si l'hiver violente vos besoins,
S'il se meurt aux vaporeuses nues,
Si le temps admoneste en sa courbe ténue,
Les solstices niés du froid dont il sont oints ?

Que faîtes-vous des fleurs de ma bohème,
Des fruits dont l'olfactif perce le renouveau,
La douleur de l'absence emplissant le caveau,
Les mots voilés du petit matin blême ?

Qui a scellé des rêves, l'onirique plongée,
Jugulé des fièvres, la moiteur empesée ?
Feriez-vous l'amour en l'aube sans rosée,
Quand les amants s'y semblent déroger ?

Dîtes-moi, damoiselle liée aux circonstances,
Si les heures farouches, dissoutes en mon aval,
Pénètrent de l'envie, sous la chair ogivale,
Les interstices de pulsions intenses ?


Aimerais surseoir de votre réticence, la nuit,
La substance bornée… pénétrer de vos rires,
L'émotion palpable ; accorder aux miens délires,
Quelque exubérance… cadavérer l'ennui.

Pourriez-vous, des tierces, mutine rosière,
Décélérer du cœur, l'impulsive systole,
Ramener à bon port, jusqu'à mon acropole,
Vos fugaces baisers, votre moue altière ?

Je talonne en d'immuables frissons, c'est vrai!
L'ombre floue de mon ombre, ma doublure
D'enfant sage ajusté au corset de brûlures
Par trop incandescentes; parfois, m'effraient

Les grelots dont le chahut éveille, à tort,
De ces ondes, ma passive dégaine ;
M'étiole à vouloir émonder des peines,
L'amertume du zeste, les linéaments tors.


Achèveriez-vous des vagabondes flèches,
La pochade, l'ambitieuse croquade ?
Votre soyeuse étoupe, à ma lèvre maussade,
Humidifie au for de l'angoisse revêche,

L'intime connivence de tacites alliances
Dont vous et moi_ que ne l'aurais-je mussé !
Pourrions calmer la soif, sans fausser
De l'accord, les règles d'allégeance…

Égaré aux méandres des vicissitudes:
Sulfureux mélanges du répressif destin
Dont s'apparient aux orges du festin,
D'apathiques servants encagés d'hébétude,

Je surnage en ilote souillé de crainte,  
Déplorable paria d'un terne devenir…
N'ai de haussière, qu'un tronc sans avenir,
Souche mitée, où mes lunes éteintes

S'affaissent, se dissolvent au jour blondi
D'un soleil dont les rais rabougrissent
Des ides, la carnation, que pourrissent
Les ans si peu apprivoisés sous le jaborandi.



Dîtes, ô cruelle:_ je m'en vais, seule,
A quelques lieues de votre appétence,
Cela me semble indispensable!... l'offense,
C'est ainsi, est ma solitude, un linceul…

Je m'y voudrais harnacher, m'entoiler
Et sans grâce… laissez-moi m'en aller !

Alors, pénétré d'affliction, le regard interdit,
Vous laisserai gésir au seuil de ce brûlot
Dont la désespérance, en gorge de hublot,
Avale le tumulte que le malheur sertit.



Armand Mando ESPARTERO© copyright 2020

lundi 17 février 2020

LAVIT LITORE*


 


LAVIT LITORE*
Rejetés sur la rive

Balayant du ressac, toute la spumescence,
Les voilà sur nos rives meurtries !
Ils imbibent des vagues, la quintessence,
Les voilà, repentants et contrits !

Les déchets d’un temps ayant tourné de l’œil,
S’entassent en nos vies de manants affligés
A l’idée de pousser du vaniteux cercueil,
Les altières rémiges ici-bas, érigées

En d’infâmes utopies de calotins ;
Dénudent de la foi, l’habitacle pansu…
Ascétiques aux songes incertains,
Souffle mort-né ; sans l’avoir jamais su,

La nuit, s’encanaillent en estaminets
"Volutés" de pétun d'ivrognes estropiés
Briguant l’éphémère noblesse du minet,
Du damoiseau qui viole, sans expier_

La Divine Parole, Les Oracles ; J’aime
A me souvenir des joies Célestes, ces cris
Trompetés d’anges maudissant l’anathème ;
Le Prophète par Le Sang versé, les décrit.


Des chorus d’imprécateurs mutants,
Aux funestes louanges de macchabées,
Les manichéens alourdissent le temps
D’un froid tempo ;dynamisent d’emblée,

Le crédule assoiffé de rituels, d’hosties,
Le sectateur de la Rome papale
Ce pédéraste fardé d’immodestie,
Sacristains d'obédiences, rivés au pal

Du péché englué aux vices de Sodome
Dont le sinistre abuseur, d'un titre
Conférant, disent les prélats, à l'homme
Plein pouvoir derrière le pupitre.


Sur la rive noircie, le cosmos et ses frasques,
Soignent leurs blessures ; ils ont brisé
Le bréchet d’enfants nus sous la vasque
Du destin, ce fatum, par trop martyrisé.




Armand Mando ESPARTERO© copyright 2020

vendredi 14 février 2020

MUTANT DESERTUM*


 MUTANT DESERTUM*
Désert mutant

Dans le désert brûlé jusqu'aux entrailles,
Un homme, une femme s’égarent
Sous un soleil enserrant en tenailles,
Des nomades, deux survivants hagards.

Déchiquetées de maelströms de plaines,
Des carcasses de charognes ridées,
Empuantissent sans gènes,
L’atmosphère viciée, lentement évidée

De pesanteur lestée de poussières
Au sable maquillé de l’empreinte
De pas souvent talés de l'altière
Faune joueuse, démarche souveraine.


L'artefact perce du long silence
La dérive aux portes du Sertao
Ses robustes écailles piègent la cadence
Des derniers zébus noyés sous le halo

De tièdes rais inondant la vallée
Où s’éloignent au soir, les courageux péons
De ce tunnel ingrat ; il les veut empaler
Au faîte de la mort dont l’hallali résonne

Quand l’amour s’abandonne avant
De revenir creuser de ses promesses,
La douceur quiète de mafflus encavant
De baisers la farouche tendresse.



Afin de se vider de cette déshérence,
Le sage et l'imprudent implorent Le Ciel,
Déliés du faste de la décadence,
Pris au rets du plaisir dit artificiel.


Armand Mando ESPARTERO© copyright 2020

mardi 11 février 2020

MUSICA SPACIUM MIHI*


MUSICA SPACIUM MIHI*
Mon espace est musique

Bercez-moi de musiques, d'arpèges, d'harmonies;
Qu'à ma porte, les sonates tintinnabulent !
Je veux des symphonies libres, sans préambule,
Pour de la rythmique, amplifier la quadriphonie.

Chopin, en ses notes, me berce de nocturnes,
Sur un piano Erard ; de son Pleyel, les touches
S'animent et transcendent en l'aube farouche,
La cadence de la polonaise, au récital diurne.  

Mahler, de Julius Epstein, apprivoise du rêve,
La fêlure, donnant à l'opéra de Prague, heureux,
La perspective au cycle de lieder, amoureux
Du calibre de la huitième, l'union sans trêve.

Laissez-entrer Beethoven, sa missa solemis,
Opus en ré majeur, sa cantate funèbre, l'opferlied,
Dont le soprano en un oratorio, valide
La beauté ! Ecoutez de son Adélaïde, l'émisse !


Quand Mozart donne vie à sa flûte enchantée,
Vivaldi dessoude des quatre saisons, la mue,
Debussy calme de son clair de lune, seul, ému,
Les notoires impacts vrillés au ciel d'été.

Toccata et fugue en ré mineur… quel bonheur
Johann Sébastian Bach, clavier bien tempéré,
De vous voir modeler et sans les maniérer,
Les pointes du Magnificat, rendre les honneurs

Au concerto en la mineur pour orgue, Motets,
Au sublime adagio, puis, tel Albinoni, dresser
Loin de nos dissemblances, des nuances tressées
Dont la tonalité éveille l'inégalable beauté.

Offrez-moi musiques, sonores partitions !
Faîtes chantez mon île ! Qu'il pleuve à verse
De chaudes mélodies, qu'au méridien, percent
Orphéons et trompettes en ces carnations !


Armand Mando ESPARTERO© copyright 2020




dimanche 9 février 2020

MARITIMAE INTOXICATIONES*


MARITIMAE INTOXICATIONES*
Maritimes ivresses

En des terres lointaines, au cri de l'oisillon,
Les océans égrènent de la lame iodée,
L'inconstance des flots, de remous désodés,
Privés du sel marin, de fastueux tourbillons.

Monte des chaudes îles, en un lointain chahut,
Une étrange cacarde fusant des palmeraies ;
Les sirènes y voilent, et pour s'en emparer,
La dense tonitruance écachée de cohue.

En un mirage né du dédaigneux tumulte,
S'ouvrent du miroitement de la digue océane,
Quand poudroie le Phébus, le rire des gitanes,
L'aigre voix de tziganes, élevée en un culte

A l'éveil de marées émergées du sopor
Des confluentes vagues jouxtées d'autres rives,
Celles que les amants foulent de la dérive
D'étreintes enhardies, sans support.


De loin, s'ébrouent les baleines accortes,
Jubartes dont les bosses soulèvent
Des frisures de l'onde, l'étrange grève
De laquelle s'isolent les sargasses mortes.

Fortune de cristaux, richesse de rorqual,
Soutenues du labre en sa fraie, de tanches,
De crayeuses pointes de coraux étanches ;
Entre elles, festoient d'insatiables squales.

Les briffauds au ventre des fonds bleus
S'en repaissent, alourdis de plancton,
De fretin enlacé aux rochers, d'avortons
Poussés des courants, du pavillon sableux.


Le monde est à ce point, de cossus privilèges,
Inondé de plombée, d'aquatiques ventées ;
L'atoll conquis de la faune, se laisse tenter,
Jouant l'émissaire, l'herméneute qu'assiège

La masse ; elle renfloue de la magnificence,
La féerique extase dont le silence entaille,
De goulues révérences, l'harmonieuse baille
Aux seyantes marbrures de nitescence.


Que ne suis-je en l'ivresse de cette poésie,
Trouvère de bohème tierce, ménestrel
Grisé de florales effluves ignorées du pétrel
En bombance, sans montre d'agueusie !

De mes rires éteints, aux atones désirs,
Les mouettes se délient, heureuses
De confondre de la nue, l'ouateuse
Percée, la débâcle, pour lentement gésir

Sur la berge ; les crachins y conspuent
Des poussives gangues, pulsatiles échos
Aux rais désaccordés, frimas dont l'écot
Satisfait d'une taxe, le biotope repu.

Emmurés d'ascensionnelles luttes,
Voyagent étés et printemps de Gauguin ;
Si pour le temporel, la vieillesse est un gain,
L'onde, de l'esthète, attise la culbute.


Armand Mando ESPARTERO© copyright 2020

vendredi 7 février 2020

IBIMUS VIAM VESTRAM*


IBIMUS VIAM VESTRAM*
Passez votre chemin

Passez votre chemin, l'hiver est à ma porte,
Se peut-il qu'il enroue ma mémoire bancale !
Ne faîtes, je vous prie, d'inutiles escales
Au seuil de mes matins, si l’auster les emporte !

Ne se point retourner à l'aube des jours gris,
Nous aidera peut-être; ai peine à me convaincre
En ces cycles, que la rage de vaincre,
Naît de l'effronterie d'evzones rabougris,

Ces piquiers chahutés du tringlot,
Du palikare lesté de courbatures,
Longeant des quais de Seine, la bordure,
Au soir où les catins s'attifent de sanglots.

D'ultimes ventées, laissez-vous rafraîchir !
Serait de bon ton, en ces nuits impropices,
De faire, derrière les canisses,
Montre d'abnégation, sans même y réfléchir,

Donner aux peines, le temps de s'ajuster
Aux miennes contraintes; s'éteignent lentement,
Les soleils écarlates du lointain firmament
Aux macules hiémales figées du ciel d'été.

Avancez sur la route ! Y fleurissent des claies,
De radieux tubules écornés de la bruine,
En l'azur tiède, au ventre nu de ruines,
Et qu'enclosent les vents aux effluves bouclés.

Disjointes, les averses du devenir, perlent
Sur la peau claire de mon double contrit ;
Le cuir blême, trop hâve, de mon profil flétri ;
S'y roidissent aux crachins en déferle,

Les charpentes de la désespérance,
En trots de haridelles, posture de carnes ;
Elles voudraient encor, quand s'incarne
Les râles reflués, rompus de la constance,

S'asservir aux  finauds haruspices,
Aux cristallomanciens, ces diseurs
Présomptueux, flatteurs tartarins aléseurs
Aux coussinets toujours propices

A la gent crédule, ou à la camériste
En quête d'attelles pour maintenir son bât…
Passez votre chemin, fuyez les attractifs ébats
De piètres lovelaces nichés en l'hédonisme !


Ne pouvons rien y faire_ le temps est éphémère,
Précaires les besoins de la lionne en cage ;
S'empilent les miettes dont se partagent
Criarde anamnèse, peut-être, apraxie: amères

Déconvenues du marin en partance, seul,
Nautonier d'un lointain Miquelon
Battu d'ouragans et typhons, tout au long
De veilles émiettées, pelotées en éteule.  

Oubliez des pleurs, l'abondante saucée !
Rien de plus terne, en ces deuils de cour,
Que la condescendance… feutrer du discours,
Les louches accointances, et même en nuancer

L'inexacte vertu… me semble déplacé ; non,
Ne m'offrez ce leurre ! Ne se peut concevoir
Du flou cognitif, l'opportun affect ! Le Savoir
Est une arme trompeuse rehaussée du pennon

De fallacieuses joutes_ une pointe sertie
Du flou dont s'encanaille parfois l'habitué,
Sans de la belle envolée, moucher l'infatué
Si l'adage dessert le fat, le stupide abruti.

Passez votre chemin… irai seul à confesse ;
Passez-vite ! Il est temps de fuir la détresse !

   

Armand Mando ESPARTERO© copyright 2020