O
MIHI !
O dîtes-moi !
Dîtes-moi si l'hiver violente vos besoins,
S'il se meurt aux vaporeuses nues,
Si le temps admoneste en sa courbe ténue,
Les solstices niés du froid dont il sont oints ?
Que faîtes-vous des fleurs de ma bohème,
Des fruits dont l'olfactif perce le renouveau,
La douleur de l'absence emplissant le caveau,
Les mots voilés du petit matin blême ?
Qui a scellé des rêves, l'onirique plongée,
Jugulé des fièvres, la moiteur empesée ?
Feriez-vous l'amour en l'aube sans rosée,
Quand les amants s'y semblent déroger ?
Dîtes-moi, damoiselle liée aux circonstances,
Si les heures farouches, dissoutes en mon aval,
Pénètrent de l'envie, sous la chair ogivale,
Les interstices de pulsions intenses ?
Aimerais surseoir de votre réticence, la nuit,
La substance bornée… pénétrer de vos rires,
L'émotion palpable ; accorder aux miens délires,
Quelque exubérance… cadavérer l'ennui.
Pourriez-vous, des tierces, mutine rosière,
Décélérer du cœur, l'impulsive systole,
Ramener à bon port, jusqu'à mon acropole,
Vos fugaces baisers, votre moue altière ?
Je talonne en d'immuables frissons, c'est vrai!
L'ombre floue de mon ombre, ma doublure
D'enfant sage ajusté au corset de brûlures
Par trop incandescentes; parfois, m'effraient
Les grelots dont le chahut éveille, à tort,
De ces ondes, ma passive dégaine ;
M'étiole à vouloir émonder des peines,
L'amertume du zeste, les linéaments tors.
Achèveriez-vous des vagabondes flèches,
La pochade, l'ambitieuse croquade ?
Votre soyeuse étoupe, à ma lèvre maussade,
Humidifie au for de l'angoisse revêche,
L'intime connivence de tacites alliances
Dont vous et moi_ que ne l'aurais-je mussé !
Pourrions calmer la soif, sans fausser
De l'accord, les règles d'allégeance…
Égaré aux méandres des vicissitudes:
Sulfureux mélanges du répressif destin
Dont s'apparient aux orges du festin,
D'apathiques servants encagés d'hébétude,
Je surnage en ilote souillé de crainte,
Déplorable paria d'un terne devenir…
N'ai de haussière, qu'un tronc sans avenir,
Souche mitée, où mes lunes éteintes
S'affaissent, se dissolvent au jour blondi
D'un soleil dont les rais rabougrissent
Des ides, la carnation, que pourrissent
Les ans si peu apprivoisés sous le jaborandi.
Dîtes, ô cruelle:_ je m'en vais, seule,
A quelques lieues de votre appétence,
Cela me semble indispensable!... l'offense,
C'est ainsi, est ma solitude, un linceul…
Je m'y voudrais harnacher, m'entoiler
Et sans grâce… laissez-moi m'en aller !
Alors, pénétré d'affliction, le regard interdit,
Vous laisserai gésir au seuil de ce brûlot
Dont la désespérance, en gorge de hublot,
Avale le tumulte que le malheur sertit.
Armand Mando
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