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vendredi 30 juin 2023

EN D’AUTRES HARMONIES

EN D’AUTRES HARMONIES

 

O ivresses fleuries d’un été sans nuages !

Vous, dont les fragrances embaument

Et l’espace, et le temps, écorchés de gléchome,

Excités de musiques, de comptines sages ;

 

Voyez dessus les plaines, le paso péruvien,

Le palomino, le pur-sang anglais :

Ces chevaux dételés, ces trotteurs désanglés !

O captieux élixir dont le cœur se souvient !

 

Quand se mirent, à l’aube du jour nouveau,

Les fuyantes gazelles, s’abreuvent les daines :

Elégantes sylphides aux fuites soudaines,

J’avance hardiment, comme le jeune veau

 

Qui, de l’allaitement, semble à peine sevré,

Frôlant des herbes folles, de pas mal assurés,

Épaisse bourrache, gaillet grateron nervurés ;

Quelquefois, Aquilée étouffée de l’ivraie.

 

Estivales essences serties de bruines,

Enivrez de me sens, aux échappées tranquilles,

La rythmique d’aisance, domestiquée de l’île

Où s’épanouit l’enfance… la mienne, aux ruines

 

De Saint-Pierre s’est laissée reposer… la Pelée,

Aux berces d’alizés, lui fredonne des rires,

De joviales ariettes se voulant inscrire

Au fronton de nos rêves, sans les empaler.

 

Un sou, deux… quelques piécettes, pour s’offrir,

Heureux, sur la Grand-place, aux vespérales,

Un généreux sorbet… là, comme à la générale

D’un spectacle vivant, nous regardions s’ouvrir,

 

En nos yeux ébaubis, et l’absurde, et l’étrange,

Perforés de mystère… l’adolescence pointait,

Sans se laisser convaincre de mots chahutés,

Et qui, de la faconde, en aiguisaient l’alfange.

 

Que n’aurais-je donné pour déparer mon cœur

Des vieilles rancunes : ces lambeaux anonymes

Arrachés aux crocs de gosses pusillanimes,

Ou de filles banales, au gloussement moqueur !

 

L’été faisait courir_ ô merveilles ! _ sur ma peau,

L’empreinte des baisers, les cerces violacées  

De mutines donneuses, de câlines bergères…

Dans la moiteur de juillet, une harengère,

Ou deux, venaient tonitruer : ASSEZ !!!

 

Humiliée de nous voir entrelacés, sereins,

Prêts à faire feu de tout bois… grandissions,

Modelés de fantasmes gênants… impulsions

Aux désirs, tempo, au balancier des reins

 

De tendrons mués de promesses de femmes,

De serves alanguies, rompues, en l’offense

D’intactiles soufflées… quand l’inconnu avance

Sur la peau du plaisir, la chair qui s’en enflamme.

 

O jouissances butées, vous mes insolences

De garnement rusé ! vous, subtiles livrées

A mon revers plâtreux… en suis-je délivré,

Moi, le benêt pétri de fades somnolences ?

 

Si, d’un juste guaglione pincé de mandoline,

S’effeuillaient mes arpèges ; si, effaré aux nuits,

Mon double s’isolait, s’amplifiait l’ennui,

Me feriez-vous escorte ? aux rêveries salines,

 

Ai accordé quitus… j’imagine, et c’est mal,

Une enfance plus terne, pour pallier au sang

Aspiré de mesquines serves, l’œil blessant

De conspues ; sans trêves optimales,

 

 D’invectives banales prises en la resucée

De cet itératif bouloché de vacarme, de cris,

Et que le docte nomme en de douteux écrits :

Vertueuses semonces de prêches compulsés.


 Armand Mando ESPARTERO© copyright 2023

OFFUSQUE EN CES DONNES

OFFUSQUE EN CES DONNES

 

De rives, en dérives, en l’écueil de jours pleins,

Les hommes ont, de la vie, expurger le réel,

Pour placer artefact en l’âme du mortel,

Pour river à ses sens, et même s’il s’en plaint,

 

Chimères et fantasmes de seconde zone…

Demeure, aux nuits d’orage, le grondement

De vents désarçonnés, et en l’effondrement

De ce pesant marasme : le spectre d’amazones

 

Chevauchant de nos vices, l’immuable puanteur ;

Des jours pleins de promesses, aux nuits vides

D’espoir, s’amenuisent du ferment de nos rides,

De hideuses crevasses émoussées de moiteur.

 

Nous voilà : allongés sur l’épaisse barlongue

Dont le temps fait, aux ripailles brodées,

Bombance, sans autre ! … le mal nous a bridés,

Pour nous mieux retenir en sa trémie oblongue.

 

Esclaves sur un bateau chahuté de grands flots,

Nous forçons de l’enclave, l’infrangible verrou ;

Il n'est, en nos mémoires rivetés d’écrous,

Nulle mise aspirée, niaisant le Gourdiflot.

 

Les hommes sont des lâches, de stupides chiffes,

De tristes débandés, dont l’orgueil talonne

L’innommable couardise, la pensée félonne,

Abreuvées de cancanes, d’aciculaires griffes.

 

Dire qu’au lore de leur bec, j’aspirais pitance ;

L’idéal en défroissait de ma mue, au soir,

La glaireuse coulure… aurais voulu m’asseoir

Au bord de leur duvet, en ces heures intenses.

 

Hélas !

 

Du temps qui file, aux pointes effilochées

De mon devenir, n’ai vu naître l’amour,

Le vrai, l’unique : celui dont parle toujours

L'inspiré… aimerais, un matin, l’approcher.

 

Pourquoi, ai-je suivi, en damoiseau craintif,

Aux ténébreuses sorgues, celui dont le quinquet

N’éclaire que chichement ? serais-je le laquais,

Le factotum blessé de gestes adaptatifs (!?)

 

Engorgé de lazzi, de grasses moqueries, ai fait,

Des jours de fête, mortifères laudes… déçu

De l’animal hibernant sous ma peau… pansue,

Mon amertume accorée au silence, contrefait

 

De mes joies (si tant est qu’il m’en reste) :

Chétive attraction, piteuse séduction ; sans doute

Pour alléger de mes roides blessures, les joutes

Persiflées du double guilleret, voire, agreste.

 

D’être aujourd’hui : un homme au clair de songes

Inappropriés, m’a appris à combattre, seul,

Les démons pénétrés d’arguties, sous l’éteule

D’un toit… c’est loin d’ici que la crainte me ronge.

 

Armand Mando ESPARTERO© copyright 2023

jeudi 29 juin 2023

ULTIME VOYAGE

ULTIME VOYAGE


Partir… pour ne plus revenir ; s’en aller

Vers ailleurs… sans lune, ni soleil…

Se laisser peu à peu, oublier, quand s’éveillent

Les astres au ciel azuré ; se laisser empaler

 

Comme le condamné : sans douceur, ni clémence ;

Avec pour seul linceul, les brumes hivernales,

Au froid des nuits cendrées, ignorées des vernales,

Au grelot de bélières, aux dernières semences.

 

Doucement s’éteindre, comme la flamme nue

Caressée de la brise ; la mèche consumée,

Et qu’emplâtre la cire… et, de la cheminée,

Ouïr crépiter quelques braises chenues.

 

Se glisser hors du temps, sans trêve, ni sursis ;

Avancer, l’âme en peine, le cœur dépenaillé ;

Oublier les faces aux sourires émaillés,

Les douces confidences de tendrons indécis.   

 

Prendre, en l’incertain, une nouvelle monture ;

Emu, écouter battre les grelots de la mort ;

Essayer, mais en vain, de desserrer le mors,

Converger vers demain, défait de son armure.

 

Résonne, enfin, le glas ! … saluer tendrement

Ceux qui vous ont aimé… aux commissures bleues,

S’évanouissent les mots prononcés des yeux…

Puis, vers son Créateur, s’avancer lentement.

 

Armand Mando ESPARTERO© copyright 2023

mercredi 28 juin 2023

AUX CROQUES DE L’ESQUISSE

AUX CROQUES DE L’ESQUISSE

 

Tu es, aux formes qui lévitent, un autre continent,

Oasis aux escales tranquilles : agréable relais

Pour pèlerins dociles, en quête d’un palais

Dont les fières sultanes, en s’y abandonnant,

 

Enfièvrent l’amant animé de désirs, l’amoureux

Pris au rets de compulsives soifs… à la proue du prao,

Sur des fleuves trop sages… évincés du chaos

De sélectives brises en dévoilent le galbe généreux.

 

Tu es, en l’écho des nuits d’encre, la périastre voie

Dont les globes étoilent la rebelle cambrure ;

Tes sens inassouvis, aux mille déchirures,

Ensanglantent mes rêves, aux pauses en louvoie.

 

Ecartelée, brisée, ta fatale détresse réajuste,

Aux distantes dérives, les taquines blandices

De ces douces étrennes subtilement complices,

Égrenées de l’ivresse de mimiques injustes.

 

Tu portes, tel un diadème, la prestance des louves

A l’orée de fantasmes en pleine discordance…

De ta bouche, à ma peau allégée de mordance,

Les frissons décélèrent les souhaits que je couve.

 

En ce déséquilibre, ma raison admoneste parfois,

Du malheur en approche, l’illusoire tramage ;

Elle épointe, aux tensions fautives, l’image

D’âmes désunies… à l’approche du froid.

 

Tu es, ô fragile naïade, la première rincée

De diaphanes bruines ! de tes humides clisses,

Suintent des léthargies… de tes crayeuses cuisses,

S’évaporent des perles halitueuses, pincées

 

De nuisibles entractes… ta moue en édulcore,

En ce satisfécit, l’impénétrable estuaire…

Dussé-je, malgré moi, et pour m’en satisfaire,

Accoster au havre de tes reins, en l’anse de ton corps !

 

Tu es, impavide druidesse, l’exacte crayonnage

De mes croquis d’artiste… en l’étoupe volage,

L’aquarelle alimente l’ensellure peu sage

D’une eau forte dont Bosch redresse l’empennage.

 

Armand Mando ESPARTERO© copyright 2023

mardi 27 juin 2023

IMPALPABLE MASSE (Confiscatoires atteintes)

IMPALPABLE  MASSE

(Confiscatoires atteintes)

 

Nuit de souffre, de sel : tropicales sorgues

Brisées comme la vague au pied du rocher ;

O nuit pâle, oscillant en souple trébuchet

Sur l’éphémère rade devenue triste morgue.

 

Les hommes ont pollué tes frêles interstices,

Accroché à ton voile de nocives buées :

Pétun de tavernes, résidus émottés, écobués,

En l’espace noueux ; les vents les investissent.

 

Nuit astrale déviée des boréales, nuit poncée

Du silex d’astéries vagabondes, aux doux flots

De salines transmues, aspirées du soufflot

D’Eole, ce nomade au litham défroncé.

 

Je vois du pont d’Arcole, lorsque Paris s’éveille,

Quand montent les vapeurs de ses estaminets,

De brèves étincelles : brandons acuminés

Déposés sur la Seine sclérosée de sommeil.

 

Aux artères bondées de la capitale, s’attardent

Des noceurs dont tu te fais conjointe ; ils longent

De la rive gauche, emmitouflés de songes,

Saint-Germain, Cluny : ces impudiques bardes.

 

Nuit aux cuprifères flammes, toi qui traînes parfois,

Aux ventées incertaines, entre les lourds cirrus,

Et les orbes exsangues, dénerve du chorus,

Les augurales notes dépréciées du froid !

 

De téméraire plume, aux farouches lueurs,

Je me fais herméneute, pour te mieux prévenir

Des complots ourdis, quant à cet avenir

Qu’effilochent les ruses de fantasques pollueurs.

 

 Armand Mando ESPARTERO© copyright 2023

RESCAPE EN SURVOL

RESCAPE EN SURVOL

 

Animal blessé, nu sous les barbelés, tu pries

En un patois superbe ton Créateur béni…

Tes yeux inondés acceptent, sans déni,

La Merveilleuse Grâce, sans montre de mépris.

 

Essoufflé, pantelant, tu trébuches, tel Gavroche

Au pied des barricades… la guerre vient ensiler,

En tes songes meurtris, ses riches mausolées ;

Te voilà ! démuni, besogneux, en l’approche

 

D’une impossible trêve… l’hiver te vient ruiner ;

Floconnent, en tes plaintes, d’imperceptibles râles ;

Messagère d’insultes, de pensées amorales,

La mort, ce pétrichor, empuantie, pour bruiner

 

Au seuil de ton agonie, décélère l’espoir

Dont tu fais quémande, au deuil de ces matins

Enfouis sous la brèche de jours diamantins

Torsadés de lézardes affinées d’un guipoir.

 

Tes pas flottent en l’aurore vaincue… ondulent

Sur la masse liquide… de guingois, la nuit,

Tu arpentes les serres ; puis, quand l’aube fuit,

En captes moiteur et miasmes de barbules.

 

Qui verra _ comme toi _ naître des lendemains

Attifés de breloques, d’horribles affiquets ?

Sont-ce ces fanatiques au baume boriqué ;

Tous ces encellulés, ces profils inhumains ?

 

Au renouveau de vaillantes conquêtes, l’asservi

Deviendra, serti d’un baccalaureus, monarque

Dun royaume où la paix fait école… sans la Parque

Où bouillonnent succubes, apsaras, grisés d’akvavit.  

 

Bercée de nonchaloir, adoucie, ta chair,

En l’appréciative, modulera de ce permanent,

L’agréable rythmique: tempo ramenant

Du repli de l’outrance, tout ce qui t’était cher…

 

Tes soleils perceront d’autres nues, éveilleront

Des fadasses brumailles, l’ouateux embonpoint ;

Lors, aux ides amoindries, en l’espace qui point,

S’ouvriront arpèges, et synapses, augerons.


 Armand Mando ESPARTERO© copyright 2023

lundi 26 juin 2023

J’AI ABOLI LE TEMPS

J’AI ABOLI LE TEMPS

 

J’ai froid, dans ces matins étroits, où l’automne

Epulpe la raison… ma peau fait caprices

De ces étés devenus : baume pour cicatrices

Posées au cœur d’une mémoire gloutonne.

 

Je fuis l'allée pentue de sciences frelatées ;

Ces lieux où la morale dégrade le scélérat,

Quand l’hiver dénature l’indigent… il fera,

Aux sombres lunes, le tour de nos cités,

 

En quête de litière, en quête de pitance ;

Son sourire chéloïde, ses larmes-cataractes,

Affadissent ses mots, thésaurisent ses actes

Pour lier du futur l'appréciable constance.

 

J’exècre des moites caves, l’aparté donnant ton

Aux vains conciliabules : synodes ecclésiaux ;

N’est de la probité, en ces flous abbatiaux,

Que trappe du réel emmurant l’avorton.

 

Loin de harangues moussues de cessionnaires,

Je navigue par vent debout ; bravant tempêtes

Et maelströms ; les soufflées s’y répètent ;

S’enflent encor les tornades binaires.

 

J’efface des jours gris, la froide nébuleuse ;

Je diligente seul mes rus accusateurs

Au-delà du repos : ce violent abducteur,

Dont l’esprit tacle la rythmique éveilleuse.

 

Sanglée de part, en part, mon enfance a su

Sans mal, émietter des jours sans, l’algarade ;

Je fais de mes chagrins : précieux alcade

Auquel l’espoir, en ses donnes cossues,

 

Ne peut insuffler d’insipides axiomes… sereine,

Se fait ma rémanence… j’ai trop longtemps, tu,

Aux immuables grimaces, ces désordres obtus :

Roides torsions d’images souveraines

 

Du poète aguerri ; elles dupliquent son art,

Hier, infécond, céans prolifique ô combien !

Que ne puis-je user de modestie ! grand bien

M’y fasse ! j’ai, du verbe loquace, en bavard,

 

Assermenté le rêve de mon intime mue…

Pour confondre, aux possibles chues,

Et la mort, et la rage de son ange déchu ;

Je confesse ces ires, en logographe ému…

 

Démuni de confesses aux heures ajustables,

Ai rompu le silence des réminiscences…

Je me dois d’exister ; les souvenirs me tancent,

M’enclouent au palimpseste de rappels acceptables.

 

Je suis vide de tout… et empli à ras-bord ;

Je suis_ sans le prouver _ aux tenailles moqueuses :

Dilution consommée… aux pochades croqueuses, 

S’écaille au fusain mon instable vibord ;

 

De l’accoudoir où s’effeuillent mes stances,

Je prends, des dérives, la traverse lointaine,

L'oubli me couvre d’attaquables fredaines,

Le passé, lui, de chimériques songes… d’absences.


 Armand Mando ESPARTERO© copyright 2023

FADE ANTERIORITE (Au temps consomptible… cet ennemi)

FADE ANTERIORITE

(Au temps consomptible… cet ennemi)

 

Le temps passé achève de nos souvenirs,

D’opportunes liesses, aux béants chagrins,

Tout le substantifique de l’esprit pérégrin,

Le mirifique alliage de ce retenir.

 

Le temps présent dilue de nos veines figées,

Le vaporeux savoir, l’illusoire acquis ;

Il confère au vouloir de nos actes conquis,

Malléables désirs, aux regrets infligés.

 

Bercés de traditions, de coutumes barbares,

Nous fîmes_ instables forcenés _ montre,

De rétention, le soir où, à nos montres,

Les pesantes minutes se muaient en bayart.

 

Prisonniers des heures de notre devenir,

Nos pâles silhouettes floutaient le paysage,

Embrumaient le tableau, d’un opaque nuage ;

Redevenions poussière de l’abscons obvenir.

 

Le temps nous en dévoile, aux primes angelus,

Malgré les digressions du double mutagène,

De l’offre, à la demande_ l’aspect hétérogène,

Sans pour autant baguer le tore de nos us.

 

Pour s’en mieux convaincre, l’homme pose,

En périmétrie de l’orgueil, nouvel acronyme

En livrée… altier, en ce paraître, anime

Du regard, des flammèches qui s’imposent.

 

L’histoire aurait voulu accéder aux degrés

De l’enfance bafouée, l’adolescence folle ;

Bien sûr ! elle aimerait accéder à la fiole

Où fermentent tous nos vices migrés,

 

Cependant que l’espèce crispe l’évolutif, irrite

L’adaptable en cette endogamie, cet agnat

Insufflé en l’âme du croyant, et qu’assigna

Le Dieu Tout-Puissant annihilant les rites.

 

Si le temps a œuvré, sans se laisser contraindre

Aux formules sucrées de diocésaines clauses ;

Ne se peut, en l’état, aux actes qui l’enclosent,

Affirmer, tel souverain trôné, et sans geindre !

 

Armand Mando ESPARTERO© copyright 2023