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dimanche 21 juillet 2019

MOTUM QUENDAM ANIMI*

MOTUM QUENDAM ANIMI*
Sans tabou

Donnez-moi des musiques semblables au bonheur,
Des arpèges bercés de lumière.... de feu !
Ramenez-moi, si l’audace est un jeu,
Au centre des cités écrasées de malheur !

Laissez sur mes genoux, sauter les péronnelles,
Les gazilles frustrées d’envies sans lendemain !
Laissez-moi les guider en leur prenant la main,
Hors des sentes ardues, mais ascensionnelles !

Déchirez de mon livre l'inutile page, que j’aie
Aux ides, les frissons de solstices
Empalés au faîte des saisons ; à l’aube, ils pâlissent
Face au rhéteur bavard, souvent ennuagé

Du classicisme froid d’orgueilleux parnassiens
Antoine De gentille en bridait l’éloquence ;
J’aimerais comme lui, malgré les conséquences,
Tancer Sully Prudhomme, dire aux siens _

Il n’est d’autres victoires en ces jours de douleurs,
En ces matins de deuil, et pour y mieux renaître,
Que la force des mots, le besoin de connaître
Du logographe, ce fier prosateur, le leurre

Au-dessus du triste anagnoste, ce fou
Dont le haubert cache du cœur en panne,
La fragile rythmique, quand l’esprit se tanne...
Peut-être dira t-il _ du savoir, on s’en fout !


Donnez-moi des jardins étoilés sous la nue,
Des prairies où dansent les sultanes grisées
Du lourd parfum dont fusent les prisées !
Elles enivrent au soir, les tendres ingénues.

Laissez-moi capturer le ventre des sirènes,
Laper de leur nombril, le nectar souverain !
Je vous dirai pourquoi, escaladant leurs reins,
Je me perds en l’estuaire où s’égrènent

Le fantasme du mâle, l’utopie du soldat
Dont la rage pénètre la chair remodelée
D’une langue agame, peu à peu gondolée
Sous le poids du désir... se peut-il qu’il cédât

Avant de la pépie, apaiser la contrainte ?
Je veux_ et sans tabou, violenter céans,
La rétive pudeur... puis, des rêves géants,
Extraire le tanin enfiellant vos plaintes !


Armand Mando ESPARTERO© copyright 2019

samedi 20 juillet 2019

UBI SUNT IBIMUS ?*


UBI SUNT IBIMUS ?*
Où sont-elles ?

Dans le lit à deux places _ crispées,
Elles s’étirent, le cœur à l’agonie,
Subissent de l’amant, toute l’hégémonie,
Maculant le vassal_ d’outrecuidance, frappé.

Au bord de l’insomnie, paupières mi-closes,
Se laissent couronner d’indigestes lauriers
Enfiellant la sultane… nous l’aurions parié _
Assujettie, offerte aux métamorphoses ;

Ses dérives dénaturent l’espèce
Fière d’ajuster en des fougues éteintes,
Le froid cylindre élevé, hors d’atteinte
Du plaisir du sybarite en liesse.


Sur la couche maculée de parjures,
Ève s’étire sans retenue, domptant
Des passions, et l’espace et le temps
Éviscérés de râles immatures.
 *
Ici, périssent au soir, les reines,
Quand les mâles les quittent,
La poupée blessée, la geisha en faillite
Devant l’âtre ou la peur les enchaîne

Aux lézardes d'un studio jauni... l’aube
Y teinte des nuits, l’équivoque froideur
Adoucit des pleurs, la cruelle fadeur,
Caresse des reliques, les miasmes d’engobe.


Je les vois à confesse, ces tristes pénitentes ;
Y implorent la madone de chaux,
Soupirent en  sirènes de Maréchaux,
Loin d'un Paris aux frasques luxuriantes.

En d’épaisses brumes de Seine,
Leurs profils nervaliens prennent
Des raccourcis que ne jamais surprennent
Les amants du beau bois de Vincennes.



Armand Mando ESPARTERO© copyright 2019

vendredi 19 juillet 2019

DESIDERIA FRUSTRARI*


DESIDERIA FRUSTRARI*

Désirs frustrés

Comme la fille perdue sur la lande,

Attendant que revienne l’été,

Les saisons écalent du noyau de l’amande

Le goûteux... sans trop l’émietter ;


Tel l’enfant au bord du précipice,

L’espiègle épiant au soir,quelque jupon,

Se dresse par mégarde, sans artifice,

La pointe du sein en nos regards fripons.


L'immodeste d’un Paris oublié,

L'amante du petit jour sur berge polluée,

Restent Prisonnière ; pieds et poings liés,

Accusent des faiblesses, sous les huées,


L’adolescente en mal de réconfort,

Se heurtant aux édits, ces lois inciviles

Tiraillant la conscience au plus fort

De l’angoisse liée au sujet le plus vil.




Telle la femme cambrée sous les doigts

Du répulsif amant , cet abject, ce félon_

Admoneste en des mots maladroits,

Les chattes perverties, les gaupes de salon,


De couches engrossées de fantasmes,

D’empreintes scellées de débauche,

De frasques muées en spasmes

Sous le vice lardé d’imparables encoches,


Je traverse les heures, avec grâce d’un cygne,

Y pave des nuits, le bitume trop froid

Pour convenir à mon double indigne,

Ce kakémono déroulé tant de fois.



Armand Mando ESPARTERO© copyright 2019 

jeudi 18 juillet 2019

OBLIVISCATUR TE IN CONSPECTU*


OBLIVISCATUR TE IN CONSPECTU*
Avant de l’oublier

Avant de l’oublier, je reviendrai danser
En ses nuits, pister ses insomnies,
Me griser du nectar de ses vieilles manies
Amputant de l’amante, les teintes nuancées.

Avant de l’oublier, confesserai sans haine,
L’avoir purgée de ses lubies absconses,
Égrené de ses rires, de ses lèvres d’oponces,
La quintessence, l'effluve souveraine.

Apeurée, frustrée, elle a suivi mon ombre,
Dépassé du profil des compromissions,
La suggestive aura de l'inhibition
Qu'illustre son côté sombre.

Avant de l’oublier, enivré de fragrances,
J’amoindrirai des peines ponctuelles,
Le spumeux ressac des influx rebelles
Sur la plage du corps piégé de sénescence.

Avant de l’oublier, j’éteindrai de ses joies,
L’euphorie passagère dont l’inutile humeur
Meurtrie du raisonnable, la puante tumeur
Gangrenée _quand la pensée rougeoie _

Du voile putrescible du derme subéreux
Agonisant sans fard... déliquescence blessant
Du passé émietté du verbe obsolescent
L'emprunt d’orateurs au langage poreux.


Avant de l’oublier, de renier l’évidence
Drapée de démesure, toute l’immodestie,
Dénuderai _ cela, sans contredit ! _
L’entrelacs du déni dupant la conscience.


Armand Mando ESPARTERO© copyright 2019

SATIS METUS !*


SATIS METUS !*

Assez de rimes !


Ma plume s’évertue à tisser rebuffades

Au for de la mémoire, à ces rimes vaincues

D'époques pleines, mais jamais vécues

D’épistoliers diserts au langage bien fade.


Des sonorités lexicales, au mutique verbe,

D’iambiques effluves poudroient encor

De la palinodie, l’axiome conclusif_ à tort,

Le fatal codicille pinçant l’écrit acerbe.


Les syntagmes civilisent l’apophtegme,

Je veux sans réserve, y puiser contenance,

Moucher du style, rythmique d’allégeance ;

Sans grimacer, délier avec flegme,


La poussive lexie grimée de métaphores,

D’improbables images au mimétisme froid

Dont les teintes_ cela à chaque fois _

Idéalisent l’espace privé de réconfort.


Mon encre se lentement assèche, aspiré

Du linéament de lettres cunéiformes ;

Ces arabesques domestiquent les formes

Usées du pisse-copy s’y venant là, mirer.


Où sont les ménestrels de nos grands boulevards,

Dressent-ils  aphorismes, clichés d’abondance,

Capiteuses livrées floutés de décadence

Aux lords grisés d’édits alambiqués, bavards ?
  



Armand Mando ESPARTERO© copyright 2019

mercredi 17 juillet 2019

URBIS MAE*


URBIS MAE*

Ma citée

Il faudrait se revoir
Avant les jours de neige ;
Ils boudent mes espoirs
Avant de les soumettre
Aux clichés d’autrefois,
Sépia de vains arpèges…
Douleur, où est ma joie ?
Avancerais-je en traître ?


Ici, l’homme cherche en vain
Le  supin  des missels ;
Pleure entre ses mains,
Des larmes qui ruissellent

De la coupe où fermente le vin
Tanisé de la lie de rituels ;
Faux mages et devins,
A leur  coulpe, l’attellent…

Je veux revoir mon île
Aux  hanches océanes,
Allumer sous mes cils,
Des flammes courtisanes,

                           






Écorcher sans crainte, côté pile,
Sa face de sultane,
Sa courbe indocile,
Côté face, ses superbes tartanes _

Ces voiliers capturent l’eau salée
Mêlant coquillages, coraux
Où  se viennent affaler,
Sous l’iode, les minéraux…

Sa  lame martelée
Flotte en mes yeux  mi-clos,
Brave l'onde salée
Dont s'écarquillent les flots.

En lentes tarentelles,
Les algues sous la nasse
Délacent les dentelles
De folâtres sargasses.

De mes nuits les plus belles
Aux jours gris de janvier,
Des gobes d’aquarelles
Rehaussent le levier

De ma bavarde plume,
D'alizés, à Cythère ;
Ici, de l’âtre, s’enfument
Nos  rêves de corsaires.

Nu pied sur le bitume,
A des lieues de Saint-Pierre,
Dans le froid je m’enrhume,
Pâle, étranglé du lierre…


Armand Mando ESPARTERO© Copyright 2019