MOTUM QUENDAM ANIMI*
Sans tabou
Donnez-moi des musiques semblables au bonheur,
Des arpèges bercés de lumière.... de feu !
Ramenez-moi, si l’audace est un jeu,
Au centre des cités écrasées de malheur !
Laissez sur mes genoux, sauter les péronnelles,
Les gazilles frustrées d’envies sans lendemain !
Laissez-moi les guider en leur prenant la main,
Hors des sentes ardues, mais ascensionnelles !
Déchirez de mon livre l'inutile page, que j’aie
Aux ides, les frissons de solstices
Empalés au faîte des saisons ; à l’aube, ils pâlissent
Face au rhéteur bavard, souvent ennuagé
Du classicisme froid d’orgueilleux parnassiens
Antoine De gentille en bridait l’éloquence ;
J’aimerais comme lui, malgré les conséquences,
Tancer Sully Prudhomme, dire aux siens _
Il n’est d’autres victoires en ces jours de douleurs,
En ces matins de deuil, et pour y mieux renaître,
Que la force des mots, le besoin de connaître
Du logographe, ce fier prosateur, le leurre
Au-dessus du triste anagnoste, ce fou
Dont le haubert cache du cœur en panne,
La fragile rythmique, quand l’esprit se tanne...
Peut-être dira t-il _ du savoir, on s’en fout !
Donnez-moi des jardins étoilés sous la nue,
Des prairies où dansent les sultanes grisées
Du lourd parfum dont fusent les prisées !
Elles enivrent au soir, les tendres ingénues.
Laissez-moi capturer le ventre des sirènes,
Laper de leur nombril, le nectar souverain !
Je vous dirai pourquoi, escaladant leurs reins,
Je me perds en l’estuaire où s’égrènent
Le fantasme du mâle, l’utopie du soldat
Dont la rage pénètre la chair remodelée
D’une langue agame, peu à peu gondolée
Sous le poids du désir... se peut-il qu’il cédât
Avant de la pépie, apaiser la contrainte ?
Je veux_ et sans tabou, violenter céans,
La rétive pudeur... puis, des rêves géants,
Extraire le tanin enfiellant vos plaintes !
Armand Mando ESPARTERO© copyright 2019