J’ai grandi sous l’arbre que veloutent les vents ;
Triste, sans envies de voyage, ai remisé mes rêves
En ce négoce purgé de la lie sans sève,
Et qu’agressent les peurs de besoins décevants.
J’ai pleuré les dimanches ruisselant de bonheur :
Ces éphémères heures où l’enfance bascule
Du socle des brimades, que peu à peu acculent
Les souvenirs fardés de tacles flagorneurs.
J’ai caressé des vagues, avant de m’en lasser,
Les maritimes fronces, les revêches frisures,
Ajustant au corset de mes roides blessures,
Les béantes escarres s’y voulant délacer.
Mes envies piégées d’errances contadines,
Mes désirs injustement clivés aux componctions,
Eurent raison de l’enfance sevrée de passion,
Et qui de ma réserve, contracte la badine
Qui, sur ma peau, carde encor le fragile bâti ;
Sans âme, sans amis, je foulais du possible,
Les revêches musardes… ivre de solitude,
Tel le marin fouetté en cette latitude,
De tempêtes butées, de crachins coercibles.
Quand j’ai su que l’amour à sa table mondée,
Me priverait du vin de ses jouissances,
J’ai pris les raccourcis de factices bombances,
Au caniveau des chiens apeurés de l’ondée.
Rien en moi ne confesse l’absence et le désordre,
Car tout me contredit : du matin à renaître,
Au soir où s’éparpillent aux volets des fenêtres,
Les miasmes d’allégresse, et que viennent mordre
Les sages et les fous de ma vie sans saveur,
Les riches et les gueux encanaillés de mots
Empruntés aux pérores de ces doctes gémeaux
Attisant de lazzis leur sabir de draveurs.
Armand Mando ESPARTERO© copyright 2021