CUM
PRIUS NATUS ES MORTUUS*
Mort avant d'être né
J'ai été un enfant sur les plages souillées
Du malheur et du vice entretenus d'hommes,
De femmes sevrés d'amour ; ai fui, mouillé
De leurs larmes hypocrites, le funeste royaume
Érigé en ces intempérances, ce fief d'apostat
Dont se réclament encor d'austères sycophantes.
Griffé du barbelé des fringants podestats,
Ai, de la communale que le désordre enfante,
Subi des précepteurs de l'étrange primaire,
Brimades et camouflets… puni à tort_ c'est vrai !
Enrubanné de punitions, de semonces sommaires ;
Pauvres semences hybrides, étouffante ivraie !
D'éreinteurs fallacieux_ d'aucuns disent, pervers,
Aux géniteurs aigris, ma vie_ ce cuisant échec,
A vu s'éparpiller les miasmes de contrevair
Dont l'engobe flattait le baume fenugrec.
Famille, mot illusoire lié à d'archaïques lunes
Bavant de leurs quartiers, d'infectes afféteries,
D'ouateuses cuistreries enjôlées d'infortune…
Famille, ne suis plus des vôtres ! Du cœur marri,
De l'esprit en faillite, me suis désenclavé ;
J'aime à me souvenir des vieilles cavatines,
Ces brèves vocales où se viennent encaver
De la paréidolie, les schèmes de comptines.
Mes pas démesurés furent piégés de vos traces
Pleinement affectées de l'orgueil des farauds ;
Ma silhouette boudée des rétives candaces,
Se laisse dénuder des muses sans héros.
Aux sons de gigantesques cloches, s'évanouissent
Mes rêves… tintinnabulent en mes envies absconses,
Les carillons de bronze, afin que s'épanouisse
De mon double troublé, l'inaltérable fronce.
Si vous voyez couler au caniveau du temps,
Ma dégaine meurtrie, mon corps désarçonné,
Pissez sur ce mortel, bien sûr_ en évitant
De souiller la tunique de son germe mort-né !
Armand Mando
ESPARTERO© copyright 2019