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jeudi 31 octobre 2019

CUM PRIUS NATUS ES MORTUUS*


CUM PRIUS NATUS ES MORTUUS*
Mort avant d'être né

J'ai été un enfant sur les plages souillées
Du malheur et du vice entretenus d'hommes,
De femmes sevrés d'amour ; ai fui, mouillé
De leurs larmes hypocrites, le funeste royaume

Érigé en ces intempérances, ce fief d'apostat
Dont se réclament encor d'austères sycophantes.
Griffé du barbelé des fringants podestats,
Ai, de la communale que le désordre enfante,

Subi des précepteurs de l'étrange primaire,
Brimades et camouflets… puni à tort_ c'est vrai !
Enrubanné de punitions, de semonces sommaires ;
Pauvres semences hybrides, étouffante ivraie !


D'éreinteurs fallacieux_ d'aucuns disent, pervers,
Aux géniteurs aigris, ma vie_ ce cuisant échec,
A vu s'éparpiller les miasmes de contrevair
Dont l'engobe flattait le baume fenugrec.



Famille, mot illusoire lié à d'archaïques lunes
Bavant de leurs quartiers, d'infectes afféteries,
D'ouateuses cuistreries enjôlées d'infortune…
Famille, ne suis plus des vôtres ! Du cœur marri,  

De l'esprit en faillite, me suis désenclavé ;
J'aime à me souvenir des vieilles cavatines,
Ces brèves vocales où se viennent encaver
De la paréidolie, les schèmes de comptines.

Mes pas démesurés furent piégés de vos traces
Pleinement affectées de l'orgueil des farauds ;
Ma silhouette boudée des rétives candaces,
Se laisse dénuder des muses sans héros.

Aux sons de gigantesques cloches, s'évanouissent
Mes rêves… tintinnabulent en mes envies absconses,
Les carillons de bronze, afin que s'épanouisse
De mon double troublé, l'inaltérable fronce.

Si vous voyez couler au caniveau du temps,
Ma dégaine meurtrie, mon corps désarçonné,
Pissez sur ce mortel, bien sûr_ en évitant
De souiller la tunique de son germe mort-né !



Armand Mando ESPARTERO© copyright 2019




mercredi 30 octobre 2019

QUO MODO RHETORICUS LIGABIS !


QUO MODO RHETORICUS LIGABIS !
Muselez le rhéteur !

Faites-taire les fous de la prime bohème,
Ceux qui, de par les routes, s'en vont traire
Des mamelles, l'indispensable glaire,
Le généreux mucus !… à tous vents, ils sèment.

Encagez les penseurs de la plèbe déchue,
Les tristes paraphrastes de l'académie !
Censeurs anonymes, aristarques soumis
Égrènent de la sémantique, le langage fourchu,

Afin d'en satisfaire la philologie, et de l'érudition,
L'exacte profondeur… muselez-ces théoriciens !
Platon en sa faconde, dévoilait leurs travers ; les siens
Furent pour nous, en ces métonymies, l'instruction

Du sage… peut-être du pamphlétaire délié
De la rhétorique dont se réclament encor,
Le contemplatif, le prosateur buté aux accords
Purgés du raisonnable, entre plein et délié.

Du bas-ventre de l'odalisque, au charisme
De l'encyclopédiste, cheminent des besoins,
De possibles désirs dont l'intellect est oint...
Que la pensée absolve de l'absolutisme,

L'immonde autocratie_  jupitérienne ardeur
Grimant d'un artefact, le silène de cour !…
Ciceron, dont Pompeius Strabo refluait du discours,
La ténébreuse emphase, fouettait de la candeur,

Le pédantisme clos… il assurait prébende
Aux bedonnants cerbères boudés de l'exégèse
Tissée au for de l'être, l'infâme catéchèse:
Rex, quibus catechesis insigni que transcende

La foi, précieuse armure du croyant incivil,
La seule protection du Chrétien… il fait fi
Du sophisme des prévaricateurs, en défie,
Seul, contre le postulat, les joutes les plus viles.


En de vains syllogismes, s'étrangle le logographe,
S'asphyxie l'orateur nimbé de sa superbe… ce matois
En de flous ânonnements, étrille en son patois,
Le slang des questeurs soumis au doxographe.

Muselez, je vous prie, ces laudateurs crispés,
Ces vieux gobe-mouches de cénacles plombés !
Vous ferai ristourne en de belles flambées,
D'une autre prosodie, d'arpèges moins guipés.



Armand Mando ESPARTERO© copyright 2019



lundi 28 octobre 2019

MEA DESERTUM*


MEA DESERTUM*

Mon désert



J’aime le désert où sombrent mes désirs,

Je m'enfonce sans crainte dans le sable

Des dunes où serpentent des moulures friables

Aspirées de l'engobe y venant gésir.



L’oasis au matin, fuse de ma torpeur,

S'y lentement tarit… la mort a évasé

Du cylindre des jours prestement délacés

L’aperture roidie émoustillant mes peurs.




J'avance au soir, sans amertume, ni haine,

Sous la phonie de tapageurs manèges ;

S’y rejoignent parfois sur l'immense plaine,

D’équivoques profils ; le simoun les malmène ;



Ils pleurent sous coupole d'un évêché sans âme,

Refoulent allègrement, des sermons moniaux,

Le pompeux syncrétisme de cérémoniaux

Devant lesquels l’autochtone se pâme.


Mon désert est le lit d'amoureuses brisées

Se laissant vaincre en l’aube ouatée

De vains désirs rythmés de rouge cruauté

De chiennes enjôlées de sonores baisers.



Je veux de leurs rêves cendreux, cueillir

Le suggestif en leurs songes ridés, égrapper

La pleine convenance, pour elles, draper

De l’illusoire satin, l'offense, sans faillir,



Galber avec doigté la hanche de porphyre

Redessiner des courbes, la mutation,

Torsader la turgide ovulation

Encellulée du germe, sans l’auto-suffire.




Du  désert de l'angoisse, émanent  au soir,

Des paysages que creuse l'insomnie ;

Ils naviguent encor aux flots noirs du déni,

Dressant du désaveu, l'altier encensoir.



J'agrémente mes nuits, du musc de l’enfance

Retrouvée au trottoir de quiètes venelles ;

Semblent s'y encor mouvoir les marelles,  

Les folles bergerades de l'adolescence.  




Armand Mando ESPARTERO© copyright 2019

dimanche 27 octobre 2019

NON UM FACIAT TIBI ?


NON UM FACIAT TIBI ?
Que ne serais-je pas !

Oui! J'ai vaincu pour naître de sang et d'esprit,
Me suis assujetti à mon Seigneur et Maître ;
Oui! J'ai la larme à l'œil quand ripaille le traître
Enrubanné de haine, d'absinthe, de mépris.

Je donne au doute palpable, sans compromissions,
Matière à réflexion ; j'en entaille l'aphorisme…
Mes mains tracent du temps, le grincheux empirisme,
Mes doigts en épaississent l'emphase d'éclosion.

Mes espoirs alunés en des orbes lointains,
Périssent peu à peu, de vos ides tronquées ;
J'y vois sans craintes, sans jamais abdiquer,
Les sinistres mouvances s'effeuiller… dès matin.



La lumière du jour pénètre mes absences,
Sans en circonvenir de l'aura manifeste,
Le trouble équidistant du larvaire bupreste,
Dont l'orgueil  envenime l'influx de tolérance.

En des nuits épurées, mon éclipse réajuste
Des lointaines entorses, la notoire souffrance,
Afin qu'il m'en souvienne, en cette déshérence,
Des jours pleins où les brumes vétustes

Pendouillaient de mes rêves cuivrés, ces soleils
Mis en berne sous l'arche solsticiale, ce Phébus
Manœuvré de pompeux cauchemars, tylenchus
Rongeant de mon répit, le généreux sommeil.


Des heures qui m'aspirent au tunnel de l'oubli,
Aux fragiles minutes pulsées de la flagrance,
Mon double flou surnage sur les eaux de l'enfance ;
Là, l'onde y balaie de l'obstacle, les vagues affaiblies.



Armand Mando ESPARTERO© copyright 2019

vendredi 25 octobre 2019

PAPULARUM, LUCENTIS MACULAE VULNERIBUS*


                                                            

                                    PAPULARUM, LUCENTIS 
                              MACULAE VULNERIBUS*
Vésicatoires plaies

Il se fait tard, et déjà, s'écrase sur le mur,
Mon ombre dépecée par les rais d'un soleil
Éclaté en des vapeurs viciées de l'armure
Que je traîne jusque dans mon sommeil.

Il fait nuit, les heures se confondent
A l'horloge des songes peuplés de chimères
Écalées de corrodantes plaies dont j'émonde
L'élastine purgée de purulentes glaires.

Il y a, en ces secondes de quérimonie,
Cerces violacées sous ma peau nue,
Empreintes dont je veux faire déni
Pour ne me point trahir… en ces déconvenues.

Je vois se rabougrir ma superbe d'antan,
S'affaisser de mon double, le panache d'hier…
En ma voix étranglée, le souffle inconsistant
Embrume les vocales des glandes faîtières.

Je viens d'avoir… cent ans, s'éveille ma mémoire :
Les séculaires traces de la faucheuse guerre,
Les femelles rasées, pour avoir dans le noir,
Osé du troisième Reich, emprunter naguère,

En des rires affectés, la cambrure aryenne…
Je revois les mafflus mastiquer en grimaces,
Les fades friandises de l'Amérique pleine
D'orgueil manifeste, narguant la contumace.

Fréhel chante à Paris… André claveau s'agite
Sur le vieux pulpitum d'un théâtre de gloire
Où la môme Piaf rêve d'un tableau de Magritte
Accroché à la loge de son triste manoir…

Les frères Lumière promettent à la foule ébahie,
Un cinéma d'auteur, une œuvre gigantesque…
Prévert serait à même, quand l'audace éblouie,
D'en piéger les accords, la carrure dantesque.

Les premières soubrettes enfourcheraient
D'anonymes montures… de Pigalle, à l'Etoile,
Joueraient les putains de cour… coucheraient
Sur le ventre des mâles que la rumeur entoile.

Sur la couche baignée de sueur et de sang,
Dans l'infecte agonie de ma désespérance,
Je regarde danser des souvenirs blessants,
De tatillonnes gouaches à l'écaille trop rance.

Cent ans… que de mystères enfouis sous la sépia,
De clichés d'offertoire, d'estampes défraîchies ;
Je n'avais de ces minutes glauques, que l'opiat
Soulageant l'éphèbe pour le moins avachi

Au pied d'une candace boursouflée, étrangère
Captive, des rustres maritornes, ironiques,
Prêtes à dévierger le béjaune des taulières,
Crispé sous le corset des salaudes cyniques.   

Mendès-France cacardait à outrance, on le sait,
Au quartier latin, le président Lebrun_ dit-on
Avait tourné la page de l'immodeste succès,
De Gaulle rêvait d'empire… dites,_ mûrit-on

En ces enfièvrements bagués du profane ?
Voit-on, du panthéon des plaintives âmes,
Monter d'autres vapeurs, d'autres flux insanes
Dont les monarques civilisent la trame ?

Ma pelle, mon cerceau, quand Pétain sermonnait,
Dupaient de ma gourme illusoire, l'emphase…
Maréchal, vieux crevard hitlérien, tu t'époumonais
Pour rien ; l'histoire te rattrape ; faut de la saponase,

Pour épurer ton  vieux cœur mité…vois sur le marbre
De ton mausolée d'indélébiles restes 
De ta molle dépouille... là, ne pousse aucun arbre,
Puisque de ton tanin, s'est éventé le zeste !

Que se passe-t-il céans… je crois que je traîne,
Éventré d'amertume… oh ! Vous m'en direz tant !
Avoir cent ans… quelle affaire !!! Sera-ce la mienne ?
Rien de grave ! J'ai dormi hors des strates du temps.


Armand Mando ESPARTERO© copyright 2019

mardi 22 octobre 2019

SPRETAE CICONUM HONOREM*


SPRETAE CICONUM HONOREM*

Honneur bafoué


Qui a gardé d’hier, les fleurs enchanteresses

Qui poussent en nos jardins ?

Peut-on apaiser chagrins, détresse

Propres aux îliens devenus citadins ?


Avons cru aux nuits sans soleil,

Aux froides neiges chues de hautes cimes ;

En nos yeux fanés s’attardait le sommeil

Lesté du songe des pusillanimes.



Nous voilà  en l'aube nouvelle ! Égarés

Au sinueux tunnel des contradictions,

Aux fantaisies dont l'homme se veut parer,

Rivé au nimbe flou des superstitions.


Qui savait que nous allions si mal,

Quand les mots se vêtaient d’apparence,

Puis, cachaient de nos envies banales,

Les fièvres encloîtrées à cette déshérence ?


Les enfants de ce monde illusoire,

Érigent encor des rives, avant de ponter

Au rostre des navires, de pesants accessoires,

Se peut-il qu'au matin, ils y puissent accoster ?



Ai remaillé mes peines, redressé mes envies

Afin de voir éclore en mes jeux de gamin

Sevrés de leur nanan, la rétentive vie

Offerte aux gueux qui nous tendent la main.


N’ai jamais céans, tristement, je l’avoue !

Fait confiance à mes proches ;  entre lierre et ronces.

Ai su noyer mes larmes dans la boue...

Peu s'en fallait, avant que je renonce



A purger ma dégaine griffée du hallier,

Martyr de l'ego parasitant l’éphèbe ;

Sommeille t-il en sous ma chair liée,

A jamais malmenée de la brutale plèbe ?


 Au miroir flou d'années enfuies, s’effeuillent

Peu à peu, les printemps sans saveurs ;

Heureux, je porte enfin le deuil

De ce monde vaincu par Jésus, mon Sauveur.



Armand Mando ESPARTERO© copyright 2019