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mardi 2 mai 2023

PRISONNIER DE FANTASMES

PRISONNIER DE FANTASMES

 

Utile à peu de choses, te voilà sur les routes

Traînant une besace aussi lourde que toi…

Qui te laisse souffrir, t'a refusé un toit ?

La misère_ vois-tu, si l'âme s’encroûte,

Tenue au filin de la condescendance,

Flatte de la mansuétude le banquiste,

Ce manipulateur… jamais ne résiste

A l'infertile serf de ses folles bombances !

 

En ces impairs de la gent magnanime,

Devenue cambiste de lords ingrats,

La voilà !... toujours prête à faire gras

Asservie un peu plus aux secondes infimes…

 

Je t'invite à ma table, confie-moi tes échecs !

N’ai des harangues du laïque de cours,

Qu’ascendances, prosaïques discours

Sevrés du capiteux de causes extrinsèques.

De mon orge, ma cruche, jouis, jouis donc !

Mon pain a la douceur d'aubes adamantines,

Mon eau… la rosée de moiteurs ambrines ;

T'en faut contenter ! du juste abandon

 

Percent d'autres ivresses… En ma remise,

Les femmes posent au soir leurs reins ;

Mes doigts en délogent le galbe serein,

Aux écarlates rus de la croupe soumise.

 

Féconde est ma vigne, sa lie appréciable,

Tu en boiras ici, en d'uvales poussées,

Le sang de la vigne, sans plus en nuancer,

L'encre pur du sarment… te sera profitable

 

Pour t'endormir, d'ouïr de mes errances,

Au chaud de ce duvet, toute l'alacrité.

Ai, comme toi, tendu sébile sans démériter,

Poussé des accords, malléable nuisance,

Longeant seul ce vieux monde blafard,

Ce cosmos vitreux où s'insurgent

En l’ombre, d’insolents démiurges

Se prenant pour Dieu, lors que l’ardent fard

 

De la sanguine lèvre exsude du mensonge,

La péroraison en des joutes lunaires :

Hypocrites codex de nonces larvaires

Fièrement pommadés d’adipeuse axonge.

 

Du bréviaire, aux missels embrumés,

Ai, sans même y penser, civilisé le doute…

Ayant pour Plutarque, en ma déroute,

Scolastique de Loyola, et pour en bitumer

 

De mon mince savoir … l'angélisme du fat :

Bedole d'un catéchuménat engrossé

Aux primes angélus, de trompeurs succès

Dont s’en vantent d'imposants califats,

 

Pourras-tu, cher compagnon de chaînes,

Gravir tous les degrés de l'autodérision :

Les rudes gémonies… ivre d'illusions ?

Il y a aussi du bonheur en mes peines.

Repose-toi, ami ! … pour toi, j’égrènerai

Du sécable les minces avortons ; irai seul

A l'éveil des mânes, du pater ; oui, seul,

De la doxologie, voir ce qu’hier, ignorait

L’étrange sous ma peau : énigmatique crue

Se venant déverser en spirales accrues.

 

Armand Mando ESPARTERO© copyright 2023