pinterest

dimanche 21 mai 2023

AUDACIEUX GRAPHEME



AUDACIEUX GRAPHEME


Sire… je quitte mes fonctions, la charge

Devenue insupportable_ m’oblige céans,

A me retirer… je prendrai l’océan,

Pour un lointain voyage… en marge

 

Des nobles aseptisés, ces manants captieux

Dont les suivantes accordent agréments,

Au soir où le manant s’enjugue de tourments ;

Traîne au caniveau où pissent les factieux.

 

Des frasques royales_ croyez-le, ô roi ! _

Je ne couche apostille… m’en sais garder !

Lassé des commérages de la cour fardée…

Vrai ! m’en suis ému_ en avais-je le droit ?

 

Ai tant versé larmes à ces débauches :

Bacchanales que Le Ciel condamne,

Dionysies aux rituels insanes,

Danses de sodomites en casaque floche.

 

Sans jamais piéger d’ordonnances,

La vertu, ma plume ne peut ici,

En ces transes, encor nier l’argutie 

Qui l'honore… sans y faire allégeance ;

 

Car de la rhétorique, aux fugaces redites,

Se délient, en l’état, les flatteries notoires :

Cette puante moulure… se doit-on de l’histoire,

Assujettir sans autre, s’accoupler aux faillites,

 

Aux chutes s’aliéner… n’exister, ou si peu,

En de froides contraintes ?... Rien de mal !

Je le concède enfin ; car l'instinct animal

De courtisanerie, ces excès pompeux

 

Ne peuvent _ Dieu merci ! _ décélérer

De l'imperturbabilité, le vaillant stoïcisme…

J'honore encor de ce bel atavisme

Dont vous êtes héritier, et sans l’édulcorer,

 

La génésie… en marquis pantouflard,

Monthieux, au baldaquin superbement brodé,

Couche la reine émue ; lors, s’en viennent rôder

La bacchante, l’incube, aux dires égrillards.

 

D'adultérines formes louvoient la nuit,

En vos couloirs, sous les grises enceintes,

Quand, à son ventre chaud, s’éreintent

De l'amante, les gargouilles du puits.

 

Y fondent, aux fêlures de louves groggys,

D’infimes drageons, de folles hardiesses ;

O mon roi, marri de ces bassesses,

Que n’auriez-vous en vaillant targui,

 

Combattu des frasques libertines,

Vous combattre vous-même, monarque

En ce fief décrispé, vous sire, dont l’arc

S'aiguise au nu de flèches assassines !

 

Adieu ! je fais promesse de prier au matin,

De supplier au soir, Le Seigneur et Maître,

De garder votre âme, sans me jamais démettre

De la foi, cet unique trésor fait à vos palatins.

 

Armand Mando ESPARTERO© copyright 2023