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vendredi 12 mai 2023

COMPONCTION D’AEDE

COMPONCTION D’AEDE

 

Ai tant de fois poussé au bord de tes chagrins,

D’inutiles semonces, de sentencieux blâmes,

En l’admonition de piques trop infâmes,

En l’objurgation de quolibets égrains,

 

Qu’il m’a fallu distordre, en ce déraisonnable,

Enfiellé d’arrogance, l’impudique morgue

Arrimée aux ténèbres de l’ouateuse sorgue

Embaumant de l’ego le revers contestable.

 

Ai tant de fois fait œuvre de manichéisme :

Absurde niquedouille d’un soufisme d’éclats,

Que le péché m’assourdissant de glas

A, de peu, accroché à ma peau son tropisme.

 

Dieu m’en a libéré… je vis en parenthèses

Les pires aléas de ce froid nihilisme… ai bu,

A m’en jamais sevrer_ le lait de ces imbus

Dont l’ascétique broue formulée d’antithèses,

 

Clapote sur la peau de mon double idoine ;

Moi, qui de la faconde décloisonne débit…

Aussi, de toi, à moi, ai sans mal estourbi,

L’opulence du verbe volontaire : patrimoine

 

De poussiéreux doctes enchevillés aux lois

O combien périmées de séculières donnes,

En ce sacramentel où trônent des madones

Nimbées, grimées… pour nonces de bon aloi.

 

Echappé du filet de ces morutiers_ enfin libre !

Je regarde mûrir la mer bleue sous l’attol

D’un autre littoral, au matin où gondolent

Les premières vagues déclamées du félibre.

 

Je nage près des coraux au nacre tubipore,

De noduleuses algues pincées des glissières

Infranchies de brachyoures ivres de roncières,

Echarpées _ ô de peu _ de rustres madrépores !

 

Je reviens, comme rasséréné… raffermi,

Tel le sage blessé du rageux communard ;

Sans rancune, ni rogne de tristes ramenards...

En chaste magnanime, qu’il me soit permis_

 

Oserais-je en user(?) de donner à ta peau :

Salutaires estampilles, en la confiscation

De tes nobles refus, en la spoliation

De vertueux dénis, subtiles rebuffades : tempo

 

D’enjôleuses musiques aux rancunières notes…

Au-delà de pénibles degrés, s’effeuille ma claie,

Tu me vois dépenaillé d’orgueil, et ma clé

N’ouvre plus ces riches pœciles… Argonaute  

 

M’a privé de toison… qu’importe ! la tienne

Sera mon nouveau nid… je te ferai femme

Quand ma glaire, aux vacillantes flammes,

Ensemencera ton corps aux fêlures rhétiennes.


 Armand Mando ESPARTERO© copyright 2023