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mercredi 3 mai 2023

AU QUINQUET DES NUITS D’ENCRE

AU QUINQUET DES NUITS D’ENCRE

 

Je déambule inquiet dans les rues de Paris ;

La capitale se vide de ses noceurs…

De folles sirènes, des jouisseurs ahuris...

D’étranges noctambules en l’épaisse noirceur

S’attardent en l’impasse où l’âme-sœur

Attend celui qui, s’approchant en chasseur,

Adoucira pour elle son vieux cœur marri.

 

Le cri sourd des klaxons, la fumée des berlines

Empuantissent les rues de cette capitale

Où se cogne l’ombre flou de vestales

Grisées de froid pétun au souffle de tétraline.

 

Se faufilent de molles silhouettes, blessées

D’indifférence, de fragiles poupées esclaves

De chaudes nuits… piégées en l’enclave

D’arrogants souteneurs anonymes, blasés.

 

Le temps semble arrêté, comme suspendu

Au filin de ces pâteuses brumes… le froid

Pose couronne au-dessus du beffroi :

Hélépole dont Paris s’est _ ravie _pourfendue…

 

Cet altier jacquemart veille sur les jouisseurs,

Les riches bombanciers de l’épicurisme :

Flottantes moulures du mordant hédonisme,

Et que le vice engrosse d'un précepte tanceur.

 

Aux aguets, fuyant les gazogènes, les amants

Cherchent issue en quelque traversière,

Avant de s’emplumer au grelin d’haussière,

De ces floconnes gangues sans linéament.

 

Paris : désuet couvoir aux mesquines plombées

Encrasse les bordures de ses lupanars ;

S’en viennent brouter philosophes et anars

Cabossés d’entregents, d’aménité… courbés

 

Sous la corniche ; y déambule la nixe alanguie :

Cette dryade nue aux mimiques poudrées…

On la pensait sevrée des péons madrés

Dont l’enfourche rassure la mégère groggy.

 

Je rentre au petit jour, délavé de bruines,

Rincé sous la saucée d’immatérielles chues…

Et, comme le théatin à la trotte fourchue,

Je bague des confesses les aveux en ruines

 

Des putains démunies de la vieille cité ;

La soif d’être moi-même en ce plébiscité,

Confisque à ma pépie quelques perles mitées…

Que ne suis-je bohème du temps émietté !

 

Armand Mando ESPARTERO© copyright 2023