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mardi 30 mai 2023

OCEANES DERIVES

OCEANES DERIVES

 

Je regarde flotter, aux vagues qui l’emporte,

La mort prise en étau aux solstices nouveaux…

Des cristaux disposés en deçà du biveau,

Tapissent les fonds clairs de l’étrange cohorte.

 

J’écoute des crachins, les musicales bruines :

Doucereux clapotis sur les eaux magnifiées

D’un soleil estival, un Phoebus aux rais vivifiés,

Et qu’isolent les vents berçant la pynocline.

 

La mer s’est emparée de la faune alanguie,

A poussé les coraux hors du centre d’hiberne…

Se peut-il _ au matin _ si les algues l’encernent,

Qu’elle revienne éclore en l’océan groggy ?

 

Merveilleuse avenue dont l’hydrique cadence

Module du tempo, des notes azurées : pervenches

Rythmiques en l’arpège de folles avalanches

Cascadées sur la peau ondulée… en l’intense.

 

J’y voie_ comme aux aurores muées _ naître

De la moiteur d’autres vibrations, la cuve océane

Emplie, jusqu’à ras-bord… qui des soufflées ahanes,

Entrebâille l’enclos : cette frêle fenêtre,

 

Qu’enserre de Chloris, la saline semence : gamète

Resourcé au ventre du lagon, aux diurnes pluies

Humectant de l’espèce écumée hors du puits,

La glaireuse bulbille du varech en émiettes…

 

Quand l’automne fané désamorce sa lie, le flot

Vient perler au couloir palpébral, l’influx

De lacrymales étirées de la masse joufflue,

Qu’amoitissent encor les charges du soufflot.

 

A deux pas de juillet, aux molles dérivées, nues,

S’alunent des poussières aux translucides ions :

Chaudes parcelles d’orbes effilochés d’Orion ;

Elles hantent les couloirs projetés hors des nues.

 

Au lointain Miquelon, en d’attrayants menuets,

Dansent les astéries, les acropridés : cnidaires

Sur la piste où voyagent, le fretin missionnaire,

L’alevin gris aux mutines pirouettes, dénués

 

De squame, le nourrain en escale sous crique :

Tout un monde bondissant, gesticulant sans cesse ;

Les tropiques en voilent aux nuisibles détresses,

Leur pérégrination troublée de remugles picriques.

 

Moi ?...

Je glisse entre les plis de la flache poudrée, en aspire

La dive décoction… ma bouche fait, aux délices clairs,

Sans se l’approprier, subtile acétabule, en l’éclair

De grimaces accorées aux frissons qui l’inspirent.

 

Armand Mando ESPARTERO© copyright 2023