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jeudi 4 mai 2023

INCIVILE AISANCE

INCIVILE AISANCE

 

Je te savais sereine au boudoir de Diane,

Jouant sur la barlongue de l'hiver étréci,

Quand le froid en l’aube, peu à peu émacie

Le profil de brandis au nimbe diaphane.

 

Je te voyais courir dans la neige collante ;

Ton pas clair dessinait sur la lande sauvage,

De frissonnantes traces au sublime voyage

D’elfes effarouchés d’ides brinquebalantes.

 

Ton rire perçait de l’ivresse des vents, l’écharpe

De cirrus aux lourdaudes pesées… peu s’en fallait

Que j’en vienne à bout, quand l’astre déballait

Sa superbe hyaline au faîte du pilocarpe…

 

Ici, les heures contestent de l’éphémère,

L’inexacte portée… il semble que les nuits baguent

Des longs soupirs, l’élégiaque râle qu’élaguent

Les murmures de nos peines primaires.

 

L’enfance n’est plus… la sagesse des princes

Démoule, en ces revers, la douloureuse chappe,

Pour se mieux bercer du rêve en l’encape

De ce long estuaire dont le tidal batince.

 

J’espère aux nuits folles, en quémande risquée,

Approcher de ta lèvre les moites commissures ;

Le tocsin de mon cœur empreint de moisissures,

Eveille la systole en ces muches bisquées.

 

La peu sage assurance nivelle de mon cru,

En de faillibles bourdes, les corruptibles mises ;

Aussi, pour ne me point trahir, je tamise

Des froids sanglots, la saucée en accrue.

 

Laisse-moi approcher de tes sombres vertiges !

Je m’y veux engloutir, perdre céans, pied…

Nulle envie à la mienne semblable, au trépied

D’un bancal chevalet ne fardera prestige…

 

Je floute du raccourci où tangue mon profil,

L’immense bosselure, la gibbeuse berme ;

La riche hardiesse, aux silences, m’enferme

En cette thébaïde où les remords défilent.

 

Ne suis plus qu’un vieux sanglot bée, écorché

En l’humeur de rustres maladresses… le soir

Est à ma porte : deuil placé au rostre du bossoir

Où chavire à gré l’orgueil de l’emperché…

 

L’évidence enclose mes envies passionnelles ;

Il naît en ma faconde de fifre désœuvré,

De farouches musiques aux maux enfiévrés

Dont mon verbe pénètre la peur ascensionnelle.

 

Quand j’aurai tout quitté, pour l’automne futur,

S’éteindront mes complies aux nuisibles laudes,

Irai me dévoiler, triste, en de subtiles odes,

Avant de la trémie, pénétrer l’armature.

 

Armand Mando ESPARTERO© copyright 2023