Je vais me retourner, et regarder mourir
Les feuilles
de décembre, au silence feutré
De la faune
cachée… puis, obturer de l’entrée
Du terrier, le
passage, avant que de m’ouvrir
Aux nuances
poudrées de l’avril enchanteur,
Aux jardins de
ce printemps champêtre ;
Y verrai-je
pousser, avant de m’en repaître,
Les drageons s’enlacer
aux flexibles tuteurs ?
Soufflerai sur
les tisons, ensuite, calmerai
Des rougeoyantes
braises, la caloricité…
Ouïrai de la
communale, peut-être des cités,
Tonitruer
l’âme ragaillardie… hier, emmurée
De mortelles contraintes…
la voilà, affranchie
D'ignobles
préceptes de subornation…
Voyez-la,
exempte d’indignation,
D’atrabile ! …
Des censeurs l'ont ici, avachie.
Des fenêtres,
se dissolvent les bruines ;
Passent au
travers des canisses, éparses :
Gouttes
fripées, et boucailles de mars…
Sans doute,
chues de particules fines.
L’hiver s’en
est allé, sans réclamer quitus,
Bouté des
jachères ; y frissonnent encor
Les semis de
septembre engavés de mucor,
D’angiosperme piégée
de baveux tylenchus.
Guilleret, en
ces riches soufflées, j’arpente
Les allées de nos
belles saisons… conquis
De ces
prémices aux pousses du maquis ;
Quelle transe,
ce bonheur, et qu’enfante
La nature à
l’orée des matins : cycles
Renouvelés aux
ides raccordées :
Mon île bleue,
ses traverses bordées
De filaos,
tamariniers ; au soir, y giclent
Des lames éventrées
sous la vague,
Les
spumescents grelots de la mer en furie…
Aimerais de
l'esquisse, le regard ahuri,
Retoucher le
profil, puis, élaguer à tort,
Le compendium
: riches miscellanées
Du poète au
faîte d’élégies, troubadour
Au
cœur-camisole, dont la Pompadour
Dirait sûrement
: _ dussé-je m’en étonner
Jamais, il
parfume de sel, l'ombreux
Couloir de la
désinvolture, exhale les lieux
Foulés de ma
prestance… là, perce en son milieu,
Ma chair
inassouvie au profil ténébreux…
Qu’importe !
Je reste femme au flou emprunté
Aux hideuses
tourmentes… ai de l’immodestie,
En de fins
raccourcis, pris ce que l’interdit
Disjoint de la
morale… le tabou des libertés
Berne mes
volages cuvées… si ce barde
Su enchanter
des peurs, la sédition,
Sa terre, ce
nirvana, de l’inhibition
Su en clore la
brève… je peux donc, de la harde
De jouissifs
amants, me défaire sans peine,
Moi, Jeanne
Antoinette Poisson : marquise
De sofas,
royale maîtresse, gourgandine,
Intrigante,
loin, quand elles dandinent,
Des bernaches
de cour, fières, acquises
A la noblesse
au pal des dépravées,
Ces clous dont
la pointe émoussée
Ne peut du
pilori, où elles se font pousser,
Atteindre le
bois dur enquillé au pavé…
*
Je crois que
je m’égare ; la renaissance,
Sa
temporalité, ne peuvent acquiescer
Des finaudes,
l’outrage ; ce voile rapiécé
De la belle
ariette, entoile d’insolences,
Ce qui, au cœur
de nos complaintes,
Doit être mis
en somptueux bouquet
De musiques :
doux plumet qu’un laquais
Sert au lord,
sans regrets, et sans plaintes.
Si j’ai
domestiqué ma mutique pensée,
Donné ton aux
feintes de musarde,
N’ai voulu
écorcher, d’une lippe bavarde,
L’attention... diriez-vous : il fallait y penser ?
Armand Mando
ESPARTERO© copyright 2023