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lundi 29 mai 2023

AUX PORTES DU LEVANT

AUX PORTES DU LEVANT

 

Je vais me retourner, et regarder mourir

Les feuilles de décembre, au silence feutré

De la faune cachée… puis, obturer de l’entrée

Du terrier, le passage, avant que de m’ouvrir

 

Aux nuances poudrées de l’avril enchanteur,

Aux jardins de ce printemps champêtre ;

Y verrai-je pousser, avant de m’en repaître,

Les drageons s’enlacer aux flexibles tuteurs ?

 

Soufflerai sur les tisons, ensuite, calmerai

Des rougeoyantes braises, la caloricité…

Ouïrai de la communale, peut-être des cités,

Tonitruer l’âme ragaillardie… hier, emmurée

 

De mortelles contraintes… la voilà, affranchie

D'ignobles préceptes de subornation…

Voyez-la, exempte d’indignation,

D’atrabile ! … Des censeurs l'ont ici, avachie.

 

Des fenêtres, se dissolvent les bruines ;

Passent au travers des canisses, éparses :

Gouttes fripées, et boucailles de mars…

Sans doute, chues de particules fines.

 

L’hiver s’en est allé, sans réclamer quitus,

Bouté des jachères ; y frissonnent encor

Les semis de septembre engavés de mucor,

D’angiosperme piégée de baveux tylenchus.

 

Guilleret, en ces riches soufflées, j’arpente

Les allées de nos belles saisons… conquis

De ces prémices aux pousses du maquis ;

Quelle transe, ce bonheur, et qu’enfante

 

La nature à l’orée des matins : cycles

Renouvelés aux ides raccordées :

Mon île bleue, ses traverses bordées

De filaos, tamariniers ; au soir, y giclent

 

Des lames éventrées sous la vague,

Les spumescents grelots de la mer en furie…

Aimerais de l'esquisse, le regard ahuri,

Retoucher le profil, puis, élaguer à tort,

 

Le compendium : riches miscellanées

Du poète au faîte d’élégies, troubadour

Au cœur-camisole, dont la Pompadour

Dirait sûrement : _ dussé-je m’en étonner

 

Jamais, il parfume de sel, l'ombreux

Couloir de la désinvolture, exhale les lieux

Foulés de ma prestance… là, perce en son milieu,

Ma chair inassouvie au profil ténébreux…

 

Qu’importe ! Je reste femme au flou emprunté

Aux hideuses tourmentes… ai de l’immodestie,

En de fins raccourcis, pris ce que l’interdit

Disjoint de la morale… le tabou des libertés

 

Berne mes volages cuvées… si ce barde

Su enchanter des peurs, la sédition,

Sa terre, ce nirvana, de l’inhibition

Su en clore la brève… je peux donc, de la harde

 

De jouissifs amants, me défaire sans peine,

Moi, Jeanne Antoinette Poisson : marquise

De sofas, royale maîtresse, gourgandine,

Intrigante, loin, quand elles dandinent,

Des bernaches de cour, fières, acquises

 

A la noblesse au pal des dépravées,

Ces clous dont la pointe émoussée

Ne peut du pilori, où elles se font pousser,

Atteindre le bois dur enquillé au pavé…

*

Je crois que je m’égare ; la renaissance,

Sa temporalité, ne peuvent acquiescer

Des finaudes, l’outrage ; ce voile rapiécé

De la belle ariette, entoile d’insolences,

 

Ce qui, au cœur de nos complaintes,

Doit être mis en somptueux bouquet

De musiques : doux plumet qu’un laquais

Sert au lord, sans regrets, et sans plaintes.

 

Si j’ai domestiqué ma mutique pensée,

Donné ton aux feintes de musarde,

N’ai voulu écorcher, d’une lippe bavarde,

L’attention... diriez-vous : il fallait y penser ?


Armand Mando ESPARTERO© copyright 2023