Je fais l’amour
aux mots, avant de m’endormir
Au fusain d’un
tableau dont l’espace dévêt
Des orbes,
aux atomes, les miasmes couvés
De fines
molécules que l’on voit s’affermir.
J’écris des
rires pleins et des larmes feutrées :
Absurdes
commérages, traitresses pulsions
Ajustés à
la pointe de ces répulsions
Dont le
poète écarte en ses lunes nacrées,
Du triste
parchemin, si la folie s’arrime
Aux râles
des parèdres qui de l’Eléphantine
Où glissent
les felouques, se grisent de comptines,
Quand le
Nil apprivoise les naïades intimes.
Je fais
tanguer les mots enfiévrés de musique,
Bercés de
catachrèse en l’absurde parfois…
Les couvre
d’une étole aux frimes de grands froids,
Au sommeil
de l’ennui démuni de rythmique.
J’épointe
du verbatim l’oralité, sans surseoir
A la
divulgation d’autonomes écrits…
Ma plume
fait du style un tronçon circonscrit
Aux
lexicalisés de brèves métaphores, au soir
Désaccordé de
fuyantes étoiles prises au rets
De la voie émaillée
de poussières astrales ;
Aimerais dominer
en combattant captal,
Les anneaux
de Saturne, lorsque s’y vient mirer
Soliste liant
des belles lettres, le cunéiforme
Dont l’aciculaire
pic écorche le graphème
A la
massore du récit hébraïque : anthem
Pour vieux
scribes ennoblis pour la forme…
Je caresse
du verbe le froncement, puis carde
Du rétif entrelacs,
la généreuse donne,
Evinçant l’idiome
que le sabir bedonne
Sans de ce
barbarisme allouer cocarde.
Je donne
vie aux mots translatés du jargon
Utile aux
fantaisistes de l’amphigouri…
J’en
rabroue vertement la sanieuse tourie :
Ce hideux
empaillage, ce vulnérable gond.
Ma rime
tacle les mots de la déconvenue ;
Chatonne
l’iambe de suaves fragrances,
Oint l’hellénique
scazon d’indulgence,
Parfume la
césure d’un nard soutenu…
Si j’avais
de Tite Live, en l’historiographie,
Comme le
dit Sénèque, fibre philosophique,
Redresserais
du palindrome, en cacique
Le désordre
mutant, la gibbeuse atrophie.
Donnerais
aux édits de Malherbes, évidence
Déniée de
Choiseul, qui de la Pompadour
Aspira bienfaisance
saluée de troubadours
Affectés aux
salons de cette concordance.
Au sieur Despréaux :
Nicolas Boileau, offrirait
Disponibilité ;
sûr de voir mûrir Horace, Juvénal ;
Serais présent
aux côtés de Lutrin, pour du vénal
Confesseur
Le Tellier, brider la mitre empierrée.
Il est un
autre Malherbe que j’aimerais saluer :
François,
ce grand poète ; Tallemant des Réaux
Le disait
pourtant rustre (…) se peut-il, en fléau
Exciter du
jaloux, sans qu’il s’y fasse huer,
Admonester pérore
(?!) d’un superbe hémistiche,
Boileau le
consacra : _ « Enfin Malherbe vint… »
Tes stances,
cher poète, en l’aube qui survint,
Ont ravivé
en moi de nobles acrostiches.
Vous, mots
du temps passé, obsolescents vocables,
Je vous
dois, sevré de la métrique, conscient
De museler
l’infidèle prosodie_ cela, à escient,
D’être moi
aux pires aléas d’ires insoutenables.
Vous dédie
en ces longues travées, heureux,
Mon pas de
fugitif, ma marche évasive ;
Conforté à
l’idée de naître, en l’imaginative,
Piètre
damoiseau, certes ! … mais toujours amoureux.
Armand
Mando ESPARTERO© copyright 2023