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jeudi 17 février 2022

FAROUCHE ADOLESCENCE

FAROUCHE ADOLESCENCE

 

Jadis dans les vertes prairies

Au coupant hallier, au colchique sauvage,

Poussait le cran de l’enfance peu sage,

Ses jeux interdits, son regard ahuri ;


Naissaient des comptines sucrées :

Bouffonnes saynètes aux berges flétries,

Sous le vieux saule où l’amoureux contrit

Pleure triste matin, en l'aube ancrée…

 

Rêvait parfois de badines risées,

Folâtres goguenardises de galants

Assoiffés d’aventure, avançant à pas lents

Sur la lande, où point l'argentine rosée,


La rosière de mai :craintive seulette

Dont le cœur bat tambour, sans se lier

Aux quinteuses promesses, vite oubliées

D'énamourés qui du futur, s’inquiètent.

 

Fusaient des rires pénétrés de candeur,

De subtils propos de versificateurs :

Etonnantes rimes au slang moqueur

D'idéalistes ceints de mots menteurs...


La soubrette, au hasard d’un chemin,

Sait du lovelace dont le speech honore

De la brigue que le manant ignore,

L’élégance fertile, ô combien, que la main


Se vêt de mitaine agréée de princes

Dont le satin rehaussé d’organsin,

Ravit la nymphette dévoilant peu du sein

Qu’elle offre, quand le caprice pince

L’espiègle courtisane aux désirs abyssins.   

 

Farouche adolescence qui fait serment

D’adoucir du  feu, les sulfureuses braises,

Suis-je en ces luttes qui biaisent,

Félon d’un temps mort, indélicat amant


A reculons, sans se jamais lasser

Des jacasseries d’acariâtre verbeux ?

Aurais-je céans de l'aliéniste buté,

Crispé l'affect, sans en jouir ? ... en Sage,


Si la folie arme l’excentrique en cage

Confère au style, à n’en point douter,

Confiscatoire nimbe ! Ai semé en mes lignes,

Pour les moucher, le visqueux entrelacs ;


De l'assurance, aux apories, l’éclat

D’audace fuse des miasmes… indigne

Protectorat au tertre du panachage

Arguant le pamphlétaire qui de la plume,

Aux actes, incendie la faconde qu'il assume,

Sa soif du paraître, avant le lynchage ;


Sa rédhibitoire clause le lie aux excès d’ironistes,

Sans du mal d’aimer, approcher l’apogée,

De gémonies, cœur en camisole, purgé

Du passé manifeste : adolescence que piste


L’épistolier disert, ce fourbe glossateur

Dont l'aura s’évertue à troubler_ quelle tare !

Chambrière ou vieux laquais bâtard

Sans devenir, mordus du géniteur


Plantant ailleurs, ces crocs d’aigrefin,

Sous la peau de rombières ivres

De médisance_  catins de bouge...

Sa couche fait réserve aux gouges


Entenaillant la glissante vouivre ;

Ses cicatricules redessinent du ventre,

Les vergetures, de la chair en chiffon,

Et qu’enflamment les ans sous le greffon

De l'hymen chu de son épicentre.


Voilà, réminiscences, des intempéries,

La jachère que j’aime à cultiver,

Quand ma mémoire drape, et sans l’encaver,

La recognition du double équarri !


Armand Mando ESPARTERO© copyright 2022