Jadis dans les vertes prairies
Au coupant hallier, au colchique sauvage,
Poussait le cran de
l’enfance peu sage,
Ses jeux
interdits, son regard ahuri ;
Naissaient des comptines sucrées :
Bouffonnes saynètes aux berges flétries,
Sous le vieux saule où l’amoureux contrit
Pleure triste
matin, en l'aube ancrée…
Rêvait parfois de badines risées,
Folâtres
goguenardises de galants
Assoiffés
d’aventure, avançant à pas lents
Sur la lande,
où point l'argentine rosée,
La rosière de mai :craintive seulette
Dont le cœur
bat tambour, sans se lier
Aux quinteuses
promesses, vite oubliées
D'énamourés qui du futur, s’inquiètent.
Fusaient des
rires pénétrés de candeur,
De subtils propos de versificateurs :
Etonnantes
rimes au slang moqueur
D'idéalistes
ceints de mots menteurs...
La soubrette, au hasard d’un chemin,
Sait du
lovelace dont le speech honore
De la brigue que le manant ignore,
L’élégance fertile, ô combien, que la main
Se
vêt de mitaine agréée de princes
Dont le satin rehaussé d’organsin,
Ravit la
nymphette dévoilant peu du sein
Qu’elle offre, quand le caprice pince
L’espiègle courtisane aux désirs abyssins.
Farouche
adolescence qui fait serment
D’adoucir du feu, les sulfureuses braises,
Suis-je en ces luttes qui biaisent,
Félon d’un
temps mort, indélicat amant
A reculons,
sans se jamais lasser
Des jacasseries
d’acariâtre verbeux ?
Aurais-je céans de l'aliéniste buté,
Crispé
l'affect, sans en jouir ? ... en Sage,
Si la folie
arme l’excentrique en cage
Confère au style, à n’en point douter,
Confiscatoire
nimbe ! Ai semé en mes lignes,
Pour les
moucher, le visqueux entrelacs ;
De l'assurance, aux apories, l’éclat
D’audace
fuse des miasmes… indigne
Protectorat au
tertre du panachage
Arguant le
pamphlétaire qui de la plume,
Aux actes,
incendie la faconde qu'il assume,
Sa soif du
paraître, avant le lynchage ;
Sa rédhibitoire
clause le lie aux excès d’ironistes,
Sans du mal
d’aimer, approcher l’apogée,
De gémonies,
cœur en camisole, purgé
Du passé manifeste
: adolescence que piste
L’épistolier
disert, ce fourbe glossateur
Dont l'aura s’évertue à troubler_ quelle tare !
Chambrière
ou vieux laquais bâtard
Sans devenir,
mordus du géniteur
Plantant
ailleurs, ces crocs d’aigrefin,
Sous la peau
de rombières ivres
De
médisance_ catins de bouge...
Sa couche
fait réserve aux gouges
Entenaillant la glissante vouivre ;
Ses
cicatricules redessinent du ventre,
Les vergetures, de la chair en chiffon,
Et
qu’enflamment les ans sous le greffon
De l'hymen
chu de son épicentre.
Voilà,
réminiscences, des intempéries,
La jachère que j’aime à cultiver,
Quand ma
mémoire drape, et sans l’encaver,
La recognition du double équarri !
Armand Mando
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